A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE TOUS LES MONDES
Vénérable Maître,
Mes Frères en vos Degrés,
Grades et Qualités,
Ne l'oublions jamais,
CAGLIOSTRO est CHRETIEN, et à ce titre ne saurait reconnaître qu'un Maître,
Notre Seigneur Jésus+Christ.
Fidèle aux Anciens Devoirs,
les Rites Egyptiens s'inscrivent dans l'Ancienne Maçonnerie dite Maçonnerie de
Tradition, et si aux origines n'existent que les degrés d'Apprenti et de
Compagnon, le terme de Maître étant réservé à celui qui dirige la Loge, certes se troue évoqué distinctement et
complémentairement le grade de maître, à
compter de 1711 avec le Ms de Trinity
College (1) lorsque dans le Ms Graham de
1736, à la question d'où venez-vous ? Il
est répondu :
"Je viens d'une juste et
respectable loge de maîtres et de compagnons appartenant à Dieu et à St Jean,
qui saluent tous les vénérables et parfaits frères e nos saints secrets." (2).
Au diable si j'ose dire,
l'a-dogmatisme des Loges libérales, Mes Bien Aimés Frères, la base est bien
posée, la qualité de maître n'existe que par référence à, et sous la dépendance de Dieu et de St Jean.
Il conviendra de ne point
seulement, méditer ce soir sur ce que signifie être un maître dans la
Maçonnerie de Tradition, mais de garder en mémoire l'essence de ce Degré et par
voie de conséquence, les Devoirs qu'il nous échet de pratiquer.
I
Alors que CAGLIOSTRO évoque
que préalablement pour parvenir à la purification de l'être de Désir il lui
revient de "commencer par connaître les caractères
spirituels, les invocations à Dieu, la
manière de s'habiller et la méthode dont il faut former et préparer les instruments de l'art selon les influences
planétaires.", il échet e ne pas se tromper dans le
sens de ces propos.
Ne se trouve pas suggérée une quelconque pratique magico-astrologique,
mais la nécessité de connaître le champ de la Création de Dieu, avant toute
tentative dit-il de "commencer par
connaître les caractères spirituels, les invocations à Dieu."
Que l'on ne se méprenne pas. La connaissance de la Nature visible,
terrestre et d'une manière générale liée à la Création en laquelle Dieu nous
plaçait, est un préalable qui sera rappelé par la Tradition Hermétique (au sens
réel du terme), lorsque par exemple Irénée PHILALETHE débute son Témoignage
afin d'attester qu'il bénéficiait du Don de Dieu par ces mots : "Ayant
pénétré, moi, Philalèthe, philosophe anonyme, les arcanes de la médecine, de la
chimie et de la physique, j'ai décidé de rédiger ce petit traité, l'an 1645 de
la Rédemption du monde et le trente troisième de mon âge." (3)
Discuter sur la connaissance naturelle comme préalable à la queste de la
Connaissance Spirituelle n'est pas présentement l'objet de notre méditation ce
soir.
Si la Tradition Alchimique, constituée de ceux qui reçurent le Don de
Dieu par cette voie très particulière, offre des écrits qui sont semés
d'éléments inutiles ou farceurs, on ne s'étonnera pas que CAGLIUOSTRO, de
semblable façon, ait pu égrener dans son
Catéchisme appelé volontairement et faussement Rituel, des suggestions qu'il ne
convient pas de prendre à la lettre,
sauf à risquer de s'engager vers des voies qui ne mènent nulle part, du moins hors
du Chemin proposé par le fondateur des Rites Egyptiens.
II
A quels indices
reconnaîtrais-je un véritable maître dans l'art primitif ?
CAGLIOSTRO répond : " à la réalité de ses faits par sa
manière d'opérer en votre présence, qui ne doit être que celle d'implorer le
Grand Dieu et de commander aux sept anges primitifs, sans jamais recourir à une voie
superstitieuse ou idolâtre."
- CAGLIOSTRO explicitement récuse les voies superstitieuses et idolâtres
- CAGLIOSTRO rappelle que rien ne
peut être obtenu par l'être lui-même, et que tout vient de Dieu
- CAGLIOSTRO évoque les sept anges primitifs, comme rappel de l
condition initiale de l'homme avant la Chute.
1 - Il ne peut être de malentendu, toutes les voies dépendant de la volonté humaine, de l'orgueil,
des pratiques liées à une prétendue connaissance qui ne serait pas Dieu et ne
viendraient pas de Dieu, sont rejetées.
2 - Confirmant et complétant ce qui précède, le véritable maître dans
l'art primitif est dans une humilité totale, conscient de sa relation à Dieu,
il sait que tout vient de Son Créateur, que le pouvoir de l'homme n'existe pas
dans le champ spirituel, que tout vient bien de Dieu imploré préalablement et
qui accorde ou n'accorde pas selon le Mystère de La Grâce.
3 - Par l'orgueil et le refus
de sa relation à Dieu, l'homme connaîtra la Chute dite originelle. La relation disparaît,
alors qu'antérieurement Adam, chargé de garder et cultiver le Jardin d'Eden, le
monde angélique ne lui était pas étranger, car participant à Dieu, pour les Pères de l'Eglise, l'homme ne
fut pas créé comme un être autonome se suffisant à lui-même pour reprendre la
belle formulation de Jean MEYENDORFF (4).
CAGLIOSTRO nous le rappelle :
" Dieu, ayant formé l'homme à son image et à sa
ressemblance, il est le plus parfait de ses ouvrages", il convient de ne pas oublier que cette
image qui doit tendre à la ressemblance de Dieu, implique pour l'homme de
participer à l'expansion de cette Création mais aussi de communier avec les
énergies divines selon que l'enseigne la tradition Patristique,
communion ne signifiant pas fusion.
Cette communion-participation s'inscrit dans une dynamique de la
création qui n'est pas statique, comme le relève Saint Basile en sa V° Homélie
sur l'Hexaéméron lorsque, évoquant la
Genèse, il déclare : "Ce simple commandement fut aussi tôt
une puissante loi de nature, une raison industrieuse qui, d'un mouvement plus
rapide que celui de notre pensée, menait à leur achèvement les mille
particularités des plantes. Aujourd'hui, ce commandement inscrit dans la terre,
la pousse chaque année à monter tout ce qu'elle possède de fécondité, pour
produire des herbes, des graines et des arbres." (5)
De la sorte, on comprend mieux ce que CAGLIOSTRO entend lorsqu'il évoque les sept anges
primitifs qui participent aux énergies divines.
III
CAGLIOSTRO ajoute : "à sa patience parce que,
quoiqu'un homme soit entièrement dévoué à la Divinité, il ne parviendra à tout ce qu'il veut apprendre et connaître
que par la patience."
Le véritable maître dans l'art primitif, n'accédera que par la patience, à Connaitre - autant que
faire se peut - Dieu.
CAGLIOSTRO en bien des lieux de son Catéchisme, insiste sur la prière,
le Devoir de Prier !
La Prière nous conduit vers une voie d'adoration certes, mais aussi de
communion avec Dieu.
Cette communion, il s'avère difficile de l'évoquer, de la décrire plus
exactement, en ce qu'elle est toujours le fruit d'une expérience personnelle
inhérente à La Grâce.
Parce que chaque être est différent dans sa sensibilité, sa culture, son
vécu, cette Communion qui finira par devenir expérience de La Présence, peut se
manifester à chacun selon ce qu'il est, cela fait partie de l'Amour de Dieu qui
sait pour chaque être comment et à quel instant Il peut ou doit Se manifester.
Il est certain qu'alors une humilité totale au plan spirituel, ne quittera plus l'être disposant de cette
Grâce devenue Devoir, et non pas déjà à ce Devoir, mais à cet autre, celui qui nous incombe, celui de la vraie
Fraternité, qu'il nous revient de
réfléchir si nous le pratiquons, c'est à cette méditation mes Bien Aimés Frères
que je vous invite, car c'est par le travail sur nous-mêmes, l'humilité et la patience que notre Maître CAGLIOSTRO
nous précise les conditions pour devenir peut-être un jour un véritable Maître.
J'ai dit.
----------------- Notes
1 La franc-maçonnerie : documents fondateurs, L'HERNE Ed, cahier N°
62, page 173.
2 id, page 193.
3 yréné Philalèthe : L'entrée ouverte au palais fermé du roi,
Préface I, nombreuses éd
4 On ne relira jamais assez
l'incontournable Initiation à la
théologie Byzantine
de Jean MEYENDORFF, Cerf Ed,
1975, qui vient de reparaître.
5 St Basile : Homélies sur l'Hexaéméron, Cerf Ed, Coll. SC N° 26, pages 319 et 323.
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