ORDRE DE LYON
ORDRE MACONNIQUE RETABLI DE MEMPHIS ET MISRAIM
Souverain Sanctuaire de Béthanie
R :. L:.
LA SAGESSE TRIOMPHANTE
Loge de recherche sur les Rites Egyptiens
A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE
TOUS LES MONDES,
Mes Frères en vos Degrés, Grades
et Qualités,
Comment pouvons-nous comprendre l'allégorie de la Colombe
dans le Rituel de Cagliostro ?
Comme déjà cela
fut évoqué dans une méditation antérieure tentant de répondre à l'interrogation
de CAGLIOSTRO : A quels indices
reconnaîtrais-je un
véritable maître dans l'art
primitif ?, nous fumes amené à comprendre que, similairement à la littérature
alchimique, emplie d'éléments inutiles ou farceurs
CAGLIOSTRO a pu égrener dans
son catéchisme appelé
volontairement et faussement Rituel, des suggestions qu'il ne convient pas de prendre à la lettre, sauf à risquer de
s'engager vers des voies qui ne mènent nulle part, du moins hors du Chemin
proposé par le fondateur des Rites Egyptiens.
L'allégorie de la Colombe figure parmi les exemples typiques de ce qu'il
ne convient pas de prendre à la lettre, mais d'entendre selon l'esprit, nous
cesserons jamais assez de le répéter non seulement CAGLIOTRO est Chrétien, mais
le Rite Egyptien dans sa forme originelle et ses continuations le sont tout
autant, si l'on excepte à juste titre des déformations, malheureusement trop
souvent suivies, de prétendus continuateurs de cette illustre Tradition.
A la question : Quel
est l'emploi ou quels sont les travaux de la colombe ?
Le catéchisme de CAGLIOSTRO répond : À servir d'intermédiaire entre l'ange du Seigneur et les élus, à faire
connaître à ces derniers la volonté divine
et enfin à les convaincre évidemment de l'existence et de la grande puissance de Dieu.
Le
Rituel de réception SELON L'ORDRE DU GRAND COPTE POUR LE GRADE DE MAÎTRE DE L'INTÉRIEUR DE LA LOGE ÉGYPTIENNE commence par cette prière :
" À l'ordre, mes frères. Au nom du
Grand Copte, notre fondateur, cherchons à agir et à travailler pour la gloire de Dieu, de qui nous
tenons la sagesse, la force et le pouvoir et tâchons d'obtenir sa protection et sa
miséricorde, pour nous, pour les souverains et pour
notre prochain. Joignez vos prières aux miennes pour implorer en ma faveur son
secours et les lumières qui me sont nécessaires."
Conscient que l'homme n'et rien
sans le secours de la Grâce et que parmi les moyens offerts pour se rapprocher,
autant que faire se peut, de La Présence Divine, CAGLIOSTRO propose d'invoquer
les sept anges qui environnent le Trône de Dieu :
"ô
Grand Dieu, Être suprême et souverain, nous vous supplions du plus profond de notre cœur, en vertu du pouvoir qu'il vous a
plu d'accorder au G.C., notre maître, de nous
permettre de faire usage et de jouir de la portion des grâces que nous a données le G. C, en invoquant les sept anges qui environnent
votre trône et de les faire opérer et travailler sans enfreindre
vos ordres ni blesser votre innocence."
INVOQUER, N'EST
PAS EVOQUER ! Il n'est aucune pratique magique chez CAGLIOSTRO qui ne cesse
d'inviter ses Frères à pratiquer le bien et à prier Dieu, ainsi que cela fut
maintes fois rappelé en nos travaux antérieurs.
Les rapporteurs
de la cérémonie touchant l'exaltation à la maîtrise, déclarent que la colombe
serait un enfant : il n'est aucun passage du Rituel de CAGLIOSTRO, par nous
relu, qui donne une quelconque précision sur qui serait ou devrait être la
personne désignée sous cette appellation.
Qu'il nous soit
permis un rapprochement entre l'idée d'un enfant en rapport avec le monde
angélique tel que pensé généralement en ce qui touche la cérémonie de la
colombe, avec ce rappel : "Gardez-vous
de mépriser aucun de ces petits, car, je vous le dis, aux cieux leurs anges se
tiennent sans cesse en présence de mon Père qui est aux cieux." (Mathieu
XVIII, 10)
Ne méprisons donc
pas cette cérémonie de la colombe telle que décrite, et tentons plutôt
d'en comprendre le sens.
D'autant qu'en
réplique à l'évangéliste, CAGLIOSTRO en son catéchisme ne manque pas de
rappeler par cette interrogation :
"D. Qu'avez-vous
observé dans l'intérieur de ce temple ?
R. Une colombe très
chérie et très favorisée de Dieu."
I
La cérémonie se déroule selon
les temps suivants :
- le Vénérable souffle trois
fois sur la colombe
- le Vénérable place la colombe
à l'intérieur d'un tabernacle
- la colombe est chargée de communiquer
avec l'ange afin de savoir si le compagnon est digne de devenir Maître
Le sens en est donné dans le
catéchisme livré à la suite de la réception :
"D. Quel est l'emploi ou quels sont les travaux de
la colombe ?
R. À servir d'intermédiaire
entre l'ange du Seigneur et les élus, à faire connaître à ces derniers la volonté divine et enfin à les
convaincre évidemment de l'existence et de la grande puissance de Dieu."
Que nul ne s'égare ou ne cultive les erreurs
sans cesse réitérées : il n'est point de magie, point d'évocation, la voie
proposée par CAGLIOSTRO est une voie de PRIERE et d'ACTON n'ayant qu'un seul
but, faire La volonté de Dieu.
II
Le Vénérable souffle trois fois sur la colombe
1° - Le souffle de l'Esprit.
Avant l'œuvre des Six Jours, " le souffle de Dieu planait à la
surface des eaux"
(Genèse I, 2). Le maintien
primordial se fait par l'Esprit qui rend possible l'ordre
de la création par le Verbe, l'abbé ALTA sera peut-être le seul à
distinguer Logos et Verbe en sa belle traduction de Jean : "Dans le Principe était le Logos, en Dieu était le Verbe, Et c'est
Dieu qui était Verbe." (1) et,
pour revenir à l'Esprit, Il parfait la création comme le souligne Saint BASILE : "Il s'ensuit que c'est par la volonté du Père que les esprits
serviteurs subsistent, par l'acte du Fils qu'ils arrivent à l'être, par la
présence de l'Esprit qu'ils reçoivent leur perfection." (2)
Toutefois, pour les Pères et
notamment pour BASILE, la perfection de
l'homme, de la nature, n'est possible qu'en communion avec Dieu.
Ce souffle manifesté sur la
colombe voudrait rappeler symboliquement le retour de l'Esprit qui avait quitté
le monde à suite de la Chute, monde d'avant la Chute où l'home était en pleine
communion avec Dieu et Sa Création manifestée à compter du Troisième Jour, en
dessous de l'étendue séparant les eaux supérieures et les eaux inférieures au
soir du Deuxième Jour. ( Genèse I, 7-11)
Ce souffle du Vénérable est
un symbole, il est évident que CAGLIOSTRO ne se compare pas, ni ne fait
comparer le Vénérable Maître à NSJ+C qui, au soir de la résurrection, souffla
sur les apôtres, cette Pentecôte Johannique si oubliée :
"Le soir de ce même jour qui était le premier de
la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se
trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu
d'eux et il leur dit : " La paix soit avec vous. " Tout en parlant,
il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples
furent tout à la joie. Alors, à nouveau, Jésus leur dit : " La paix soit
avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. "
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit :
" Recevez l'Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur
seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. " (Jean, XX,
19-24)
Ne l'oublions pas, la
perfection de la relation de l'homme à Dieu le Père se fait sous réserve de la
Présence de l'Esprit.
Attendu que le Maître au sein
de notre illustre Tradition fidèle aux Anciens Devoirs et à la Franc-Maçonnerie
Universelle est censé être parvenu ou disposer tout du moins des moyens pour
tendre vers une certaine perfection par l'application des Devoirs qui sont liés
à la Fraternité, expression de la Bienfaisance comprise comme manifestation de
la Charité envers tous les êtres, ce souffle donné par le Vénérable Maître
n'est-il pas le rappel symbolique de l'état de perfection auquel doit tendre le Maître Maçon ?
Alors qu'il ne s'agira pas
pour le Maître Maçon et la Loge de prétendre s'identifier à la Très Sainte
Trinité dans Son essence ou Sa Création, on comprendra que le Christianisme de
CAGLIOSTRO s'opposant à la révolution Andersonienne, fasse référence au symbole
de l'Esprit par le souffle, lorsqu'avec les autres Pères, Athanase d'Alexandrie nous rappel cette nécessité de la Présence de
l'Esprit lorsqu'il déclare : "En
effet, le Père fait toutes choses par le Verbe dans l'Esprit, et c'est ainsi
que l'unité de la Sainte Trinité est sauvegardée, ainsi que dans l'Eglise est
annoncé un seul Dieu, qui est au dessus de tous et agit par tous et est en
tous." (3)
Avant d'accéder à la
Maîtrise, l'unité de la Loge des Maîtres Maçons est de surcroît exposée aux
oreilles qui ne refusent pas la Réforme Chrétienne de Lyon celle de CAGLIOSTO, il s'entendait
bien entendu.
Le Vénérable place la colombe à l'intérieur d'un
tabernacle
2° - Le tabernacle comme symbole
de la Présence du Christ.
Le tabernacle n'est pas celui
de l'Ancienne Alliance puisque Chrétien, CAGLIOSTRO n'ignore pas ce que
rappelle l'Apôtre : " Tout grand
prêtre est établi pour offrir des dons et des sacrifices ; d'où la nécessité
pour lui aussi d'avoir quelque chose à offrir. Si le Christ était sur la terre,
il ne serait pas même prêtre, la place étant prise par ceux qui offrent les
dons conformément à la loi ; mais leur culte, ils le rendent à une image, à une
esquisse des réalités célestes, selon l'avertissement divin reçu par Moïse pour
construire la tente : Vois, lui est-il dit, tu feras tout d'après le modèle qui
t'a été montré sur la montagne. En réalité, c'est un ministère bien supérieur
qui lui revient, car il est médiateur d'une bien meilleure alliance, dont la
constitution repose sur de meilleures promesses." (Hébreux
VIII, 3-7)
Ce tabernacle de l'Ancienne
Alliance construit tel une tente de tissus divers, est obsolète depuis
l'Incarnation puisque c'est Jésus+Christ qui est maintenant manifestation
permanente de La Présence devant notre Foi, l'Apôtre déclarant :
" Elle est pour nous comme une ancre de l'âme, bien
fermement fixée, qui pénètre au-delà du voile, là où est entré pour nous, en
précurseur, Jésus, devenu grand prêtre pour l'éternité à la manière de
Melkisédeq." (Hébreux VI, 19,20)
Le tabernacle que suggère
CAGLIOSTRO est une fois encore un symbole utilisé pour, non pas enfermer la
colombe dans ce lieu clos, mais expliquer que l'être ainsi dénommé Colombe,
représentant de surcroît la Loge des Maîtres Maçons, se trouve en pleine
communion avec NSJ+C, présent non seulement dans le tabernacle mais en fait
dans tout le champ de la Création notamment par cette Présence spirituelle " Car, là où deux ou trois se trouvent
réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. " (Matthieu XVIII, 20)
Cette union par la prière fut déjà évoquée dans notre
méditation sur le catéchisme qui nous occupe, CAGLIOSTRO expliquant notamment :
"D.
Quel moyen faut-il employer pour obtenir cette grâce de Dieu?
R. En l'adorant, en
respectant son souverain et surtout en se consacrant au bonheur et au soulagement de son prochain, la charité étant le
premier devoir d'un philosophe et l'œuvre
la plus agréable à la Divinité. À cette conduite, il faut y joindre des prières
ferventes pour obtenir de sa bonté qu'il
incite un de ses élus à vous dévoiler les arcanes de
la nature."
La colombe est chargée de communiquer avec l'ange afin
de savoir si le compagnon est digne de devenir Maître
3° La relation avec les
messagers de Dieu
Comme nous avons pu déjà
l'évoquer en d'autres méditations, les anges n'apparaissent pour la première fois, que lorsque le couple
originel est chassé du Jardin d'Eden (Genèse
III, 24), ils se manifesteront à l'homme comme envoyés de Dieu, livrant
généralement un message.
L'ange qui n'a pas chuté et
qui peut-être bien appartient au champ de la Création qu'il ne nous est pas
permis de connaître et sur laquelle l'Œuvre des six Jours se tait, à savoir le
sort des eaux supérieures à l'étendue créée le Deuxième Jour (Genèse I, 6-8), peut encore être
messager de Dieu, en l'espèce, s'il est très certain que dans les faits, jamais
CAGLIOSTRO ne procéda à la cérémonie telle que décrite, la symbolique suggérée
de la relation à l'ange ou à des anges, en l'occurrence ceux des sept planètes,
nous invite à comprendre que CAGLIOTRO suggère que l'interrogation posée, ne
porte ni sur les qualités d'un instant, d'un lieu, d'un état, mais doivent être
en communion avec la Création universelle symbolisée par les sept planètes.
Sept planètes, expression de
la récapitulation selon l'Apocalypse de Jean, et le voyant de Pathmos de
déclarer : "Puis un des sept anges
qui tenaient les sept coupes remplies des sept derniers fléaux vint, et il
m'adressa la parole, en disant: Viens, je te montrerai l'épouse, la femme de
l'agneau." (Apoc. XXI, 9)
L'Epouse c'est l'Eglise,
cette ecclesia faite de tous les êtres qui hier, aujourd'hui ou demain,
viendront ou reviendront à Dieu, dont le plus grand des commandements rappelé
par NSJ+C est d'aimer son prochain, qu'est-il demandé à celui qui entend
devenir un Maître Maçon, sinon de pratiquer la Fraternité, quelle est cette
fraternité, elle n'est pas réservée aux seuls membres de notre auguste société,
elle doit être pratiquée envers tous les êtres sans aucune distinction, tel est
de le premier Devoir du Maître Maçon, tel est le sens de cette cérémonie qui n'a
pour vocation que de rappeler ce que nous dit l'Apôtre :
" Quand je parlerais les langues des hommes et
des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une
cymbale qui retentit. Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous
les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à
transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Et quand
je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je
livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me
sert de rien.
La charité est patiente, elle est pleine de bonté; la
charité n'est point envieuse; la charité ne se vante point, elle ne s'enfle
point d'orgueil,"(I Cor.
XIII, 1-5)
N'est-ce pas sur le Devoir de
Charité que le Maître Maçon doit être sondé ?
En proposant l'allégorie de
la colombe, CAGLIOSTRO se garde bien de prétendre qu'il nous appartient de
juger notre Frère, car seul Dieu sonde les reins et les cœurs. (Apoc. II, 23)
J'ai dit.
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1 - Saint Jean, traduit et
commenté par ALTA, Paris, Henri Durville Ed, 1919, PAGE 25.
2 - BASILE DE CESAREE : Sur le Saint Esprit XVI, 38, Paris, Ed
du Cerf, Coll S.C. N° 17 bis, page 379.
3 - ATHANASE D'ALEXANDRIE : Lettres à Sérapion I, 28, Paris, Ed du Cerf, Coll S.C. N°15,
page 134.
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