ORDRE DE LYON
ORDRE MACONNIQUE RETABLI DE MEMPHIS ET MISRAIM
Souverain Sanctuaire de Béthanie
R :. L:.
LA SAGESSE TRIOMPHANTE
Loge de recherche sur les Rites Egyptiens
La Lumière
maçonnique dans les anciens Rituels de la Maçonnerie Egyptienne et ses rapports
aux Anciens Devoirs
A LA GLOIRE DU GRAND
ARCHITECTE DE TOUS LES MONDES
VENERABLE MAITRE
MES SOEURS, MES FRERES EN VOS
DEGRES GRADES ET QUALITES
Parmi les conséquences de la
révolution Andersonienne, qui s’opposant au Pape de Rome et au Catholicisme, en
vint même à nier le Christianisme comme essence de la Franc-Maçonnerie de
Tradition, le terme de Dieu sera remplacé par
celui imprécis de G.A.D.L.U. qui deviendra l’Etre Suprême qui n’est pas Dieu, concept cher à
Robespierre (1) et à la Révolution
Française, et cette négation du dépôt chrétien
de l’Ancienne Maçonnerie, amènera la Maçonnerie moderne a-dogmatique et
libérale à transformer le sens des symboles au point de retirer toute
spiritualité à ce qu’ils exprimaient, au profit d’une définition matérialiste :
cet agnosticisme ou cet athéisme guidant l’enseignement sur les symboles depuis ladite révolution, près l’ensemble pratiquement des maçons encore
aujourd’hui.
Alors que l’historien reconnu
de la Franc-Maçonnerie, Pierre MOLLIER, a souvent offert des travaux
incontournables, il échera ce soir, de s’inscrire en faux face à sa
réflexion quant à sa « Note
sur la thématique de la lumière dans la Franc-maçonnerie française du XVIII° siècle » (2).
Notre Frère en effet
écrit : « Dès 1745, l'une des premières divulgations des cérémonies
et usages de la Franc-maçonnerie en France «L'Ordre
des Francs-maçons trahi » atteste de l'importance de la thématique
de la lumière dans la démarche maçonnique. Au nouveau reçu on pose la question suivante :
« Pourquoi vous êtes- vous fait Maçon ? » à
quoi il répond « Parce que j'étais dans les ténèbres et
que j'ai voulu voir la lumière ». (3).
Certes, il sera possible de nous taxer d’un petit mauvais procès
d’intention envers ce Frère que nous reconnaissons comme l’un des trois ou
quatre meilleurs historiens de la
Franc-Maçonnerie pour notre époque, attendu que son propos traite du XVIII°
siècle ; mais il est un regret, c’est que jamais en ses écrits,
Pierre MOLLIER n’évoque – du moins à notre connaissance – les Anciens Devoirs ,
et une note donnée à l’occasion de sa
communication quant à l’évocation de la Lumière dans le cadre de l’Ancienne
Maçonnerie, aurait évité notre présente perplexité.
Ce n’est pas à compter de 1745, comme
pourrait le laisser entendre la citation
livrée, que se trouve évoqué le thème de la Lumière dans la Franc-Maçonnerie,
et la leçon tout à la fois des Anciens Devoirs, puis des premiers Rituels de la
Maçonnerie Egyptienne (qui sont
totalement chrétiens puisque cette Maçonnerie a constitué la contre-révolution
Andersonienne) montre que le thème de la Lumière est présent, qu’il échet de ne
pas le comprendre comme autre chose que l’expression, sinon de la présence, du
moins la représentation de Dieu.
I
La Lumière Maçonnique dans les Anciens
Devoirs
1 la
Charte de Cologne de 1535 rappelle :
«C’est pourquoi ils se sont engagés, par le serment le
plus sacré, à conserver plus pures et plus correctes les doctrines
fondamentales de la religion, qui inspirent la vertu et qui sont innées à
l’esprit humain; à s’y consacrer entièrement, afin que, de cette façon, la
vraie lumière se relève de plus en plus des ténèbres, pour combattre la
superstition, et pour établir solidement parmi les hommes la paix et le
bien-être, grâce à la pratique de toutes les vertus humaines » (4)
Cette religion est bien le
Christianisme :
2 Le grand mystère des francs-maçons de 1700 expose :
« Q. - Combien
de Lumières ? / R. - Trois : une plein est, une au sud et une à
l’ouest. / Q. - Que
représentent-elles ? / R. - Les
trois Personnes, le Père, le Fils et l’Esprit Saint. »
3 Le manuscrit Dumfries N°4 de 1710 confirme la représentation du
Christ :
« Q. - Quel est le mystère du
candélabre d’or ? / R. - Le
candélabre d’or avec ses six branches et ses sept lumières représente le Christ
et les ministres. Le Christ, le fondement, est le grand prêtre et la lumière du
monde qui nous illumine et nous guide vers la vie éternelle ; les prêtres et
ministres de l’Église sont les branches, que le Christ éclaire avec la saine
doctrine de l’Évangile ; aussi ne doivent-ils pas être séparés du Christ, mais,
par la lumière de la doctrine, éclairer nos pas, et de même que toutes les
branches étaient réunies sur le candélabre, chaque ministre et enfant de Dieu
doit-il être uni intimement au corps du Christ. Les fleurs et les lis
désignent les grâces de son Esprit qu’il a accordées aux ministres de la foi.
Les lumières et les lampes rappellent à tous les ministres de Dieu de le servir
avec soin et avec zèle. »
Ce rattachement des Lumières à la Très Sainte Trinité,
se manifeste encore :
4 Le manuscrit
Graham de 1726 confirme la Foi Chrétienne et de surcroît confirme la haute spiritualité des symboles :
« Q. - Je
reconnais que vous êtes allé dans une Loge; je vous demande maintenant combien
de Lumières appartiennent à une Loge? / R. - Je réponds douze. /
Q. - Quelles sont-elles? / R. - Les trois premiers joyaux
sont le Père, le Fils et le Saint Esprit ; puis viennent le soleil, la lune, le
Maître Maçon, l’équerre, la règle, le plomb, le fil, le maillet et le ciseau. /
Q. - Démontrez que tous ceux-ci sont complémentaires. /
R. - Pour ce qui est de la Sainte Trinité, elle donne la sagesse. En
ce qui concerne le soleil, il procure la lumière du jour et de la nuit. Quant à
la lune c’est un corps obscur issu de l’eau, qui reçoit sa lumière du soleil et
est également reine des eaux qui constituent le meilleur des niveaux. En ce qui
concerne le Maître Maçon, il enseigne le Métier et doit former une triple voix
pour transmettre nos secrets, s’il est un homme éclairé, car nous croyons en un
pouvoir supérieur. / Car bien que les 70 aient eu un grand pouvoir, les 11
avaient un pouvoir plus grand encore parce qu’ils avaient choisi Matthieu pour
remplacer Judas. Pour ce qui est de l’équerre, de la règle, du plomb, du fil,
du maillet et du ciseau, ce sont six outils sans lesquels un Maçon ne peut
accomplir un bon travail. /Q. - Quelle interprétation peut-on tirer
de ces 12 lumières? / R. - Nous en tirons l’interprétation selon
laquelle ce sont les 12 patriarches et aussi les 12 bœufs, dont nous lisons au
chapitre 7 du Premier Livre des Rois qu’ils portaient la mer d’airain et
étaient le symbole des 12 disciples qui devaient être instruits par le Christ.
/ Q. - Mais comment arriva-t-il que des ouvrages des Babyloniens
pussent demeurer debout avant que la lumière de l’Évangile n’advienne?
/R. - Je vous réponds cette fois en vous retournant votre question :
parce que l’orgueil des Babyloniens, déjà mentionné, avait offensé Dieu, de
sorte qu’en raison de leur faute les langues furent confondues afin que
l’humanité ne refît plus jamais la même chose sans la permission divine, qui ne
pouvait être obtenue que par la foi et la prière. »
Les symboles de la Loge sont bien reliés aux Christ.
Mes Bien Aimés Sœurs et Frères,
>>> Il
me semble fondamental de rappeler que dans l’Ancienne Maçonnerie :
-
Les maçons sont
Chrétiens,
-
Que la Lumière
c’est Dieu, qui éclaire ce qui était obscurité, cette obscurité nourrie par les
superstitions,
-
Que tous les
symboles de la Loge sont rattachés au Christ.
Qu’il me soit permis avant de poursuivre une
remarque relativement aux Rites Egyptiens de Tradition :
-
Ainsi que cela va
être exposé les Rituels sont chrétiens et
donc n’évoquent que Dieu UN.
-
Alors que
l’Egypte ancienne croyait en un seul
Dieu (ce que certains nomment les grands Mystères), le peuple pouvait lui être
superstitieux, en imaginant que les manifestations ou représentations
diverses du Dieu UN représentaient des
dieux distincts (ce que certains nomment les petits mystères), ces
représentations sont à comprendre comme
des manifestations particulières, des hypostases du Dieu Unique, elles doivent être comprises comme telles, et
tous les symboles de la Franc-Maçonnerie se fondent dans un seul Symbole (au
sens noble où ce terme peut être employé) , à savoir LA LUMIERE qui éclaire le
Naos (5) contenant l’ IMAGE DIVINE.
-
Faisons attention
à ne pas dénaturer le sens des outils,
apprenons à les relier à l’unique Lumière qui dans le cadre de notre
Rite éclaire le Naos.
II
La Lumière dans les anciens Rituels de la Maçonnerie
Egyptienne
1 Le Rituel de
la Haute Maçonnerie de Cagliostro (24/12/1784) à l’égard de la Lumière,
justifierait une planche particulière. Par ailleurs, exposé en bien des parties
dans ce texte qui se présente plutôt comme un catéchisme, le thème de la Lumière ne
cesse de renvoyer à Dieu et les travaux de notre RL de recherche depuis plus de
trois ans, attestent de ce fait. Nous examinerons toutefois ce Rituel, après
avoir évoqué l’Initiation chez Marconis.
2 le Panthéon
Maçonnique de Jacques-Etienne Marconis (1860), qui reprend un certain
nombre de Rituels du Rite de Misraïm,
rappelle ce que signifie la Lumière maçonnique, dès l’Initiation :
« Le VM s'adressant au récipiendaire, s'exprime
ainsi:
Je dois vous faire connaître que le premier principe
d'un Franc-Maçon est de croire en Dieu et de l'adorer; son étude est de
s'attacher à distinguer le sacré du
profane et la lumière des ténèbres.
R. ·. C'est ma conviction.
D. ·. Cette croyance fait honneur à votre cœur et à
votre raison, elle fait la base de la vraie philosophie …
D.
·. Que demandes-lu ?
R.
·. La lumière.
Le
Vénérable frappe un coup de maillet que les Surveillants répètent et dit :
Vous
êtes dans les
ténèbres,
je vous donne la lumière. »
>>> Ainsi que je rappelais, il convient de ne
pas se tromper sur la spiritualité des Rites Egyptiens.
- Il convient de croire en Dieu et l’adorer,
- Il convient de distinguer le sacré du profane, la
lumière des ténèbres,
- En déclarant donner la lumière, le VM aura en charge avec les Surveillants et l’ensemble de la Loge, d’amener celui qui était dans les ténèbres, à savoir peut-être dans une partielle méconnaissance de la Religion ou dans l’ignorance source des superstitions, à davantage se rapprocher de Dieu dans sa Foi, c'est-à-dire par la prière et la pratique des œuvres, et adorer Dieu, c’est Le servir, car comme le rappelle Jésus+Christ (Mathieu XXV, 40) : « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez. »
Dans la religion de l’Egypte
pharaonique, les formes divines et l’abondant panthéon ne sont qu’un moyen
d’appréhender le divin, incompréhensible dans sa totalité, à l’esprit de
l’homme. Si Dieu est Infini et éternel, l’homme ne peut se rapprocher de Dieu
aisément : les images de la création sont donc présentent pour nous
permettre de mieux comprendre la nature du Divin, et nous émerveiller sur
l’infinité de ses manifestations. Ces images servent de lien entre la créature
et le Divin, présentement comme dans le cadre des Anciens Rituels de la
Maçonnerie Egyptienne, nous sommes
invités à faire l’expérience de la
transcendance, c’est-à-dire de la Présence.
3 Le Rituel de
la Haute Maçonnerie de Cagliostro ne pouvait être abordé préalablement à
ces observations sur le sens de la Lumière, attendu que tout le catéchisme du
Grand Cophte, porte sur la Prière, l’ascèse, l’adoration de Dieu.
Convient-il de revenir sur nos anciens travaux (6)
Selon la version que notre RL utilise quant à ce
catéchisme, il échet de rappeler ce que déclare Cagliostro : « A la question : " Quel moyen faut-il
employer pour obtenir cette grâce de Dieu?", il est répondu : " En l'adorant, en
respectant son souverain et surtout en se consacrant au bonheur et au soulagement de son prochain, la charité étant le
premier devoir d'un philosophe et l'œuvre
la plus agréable à la Divinité. À cette conduite, il faut y joindre des prières
ferventes." (7)
Sur les motifs de
l'engagement que devra prendre le Maçon, CAGLIOSTRO
précise : " ce
serment ne consiste que dans la promesse d'adorer Dieu, de respecter votre souverain et d'aider votre prochain. Vous
serez obligé de plus de promettre
personnellement à votre maître de lui obéir aveuglément, de ne jamais passer
les bornes qu'il vous aura prescrites, de ne jamais avoir l'indiscrétion de demander la connaissance des choses purement curieuses,
enfin de vous soumettre à ne jamais travailler que pour la gloire de Dieu et
pour l'avantage de son souverain et de son prochain." (8)
Adorer Dieu, c’est travailler à Sa Gloire. Aussi, ne
soyons pas surpris par cette invitation
du Vénérable à l’adresse de ses frères quant à l’ouverture de la Loge : « "À
l'ordre, mes frères. Au nom du Grand Copte, notre fondateur, cherchons à agir et à
travailler pour la gloire de Dieu, de qui nous tenons la sagesse, la force et
le pouvoir
et tâchons d'obtenir sa protection et sa miséricorde, pour nous, pour les souverains et pour notre prochain.
Joignez vos prières aux miennes pour implorer en ma faveur son secours et les
lumières qui me sont nécessaires." (9)
Le secours et les
lumières, viennent de Dieu. Il échet dès l’initiation, pour le maçon, de se
rapprocher de la Divinité, et Cagliostro le rappelle dans les statuts de la Primitive RL Loge LA SAGESSE TRIOMPHANTE
- où selon le Rituel que nous étudions - à la 28° obligation : « L'orateur fera un discours à chaque initiation et à chaque assemblée générale. Qu'il peigne sans
cesse à ses frères la nécessité de se rapprocher de la
Divinité" (10)
Mes Bien Aimés Sœurs et Frères,
Il serait possible de nous attarder sur les textes
proposés à votre méditation, il convenait ce soir, que chacun d’entre nous,
demain ou déjà maintenant dans le cadre de cette Tenue, prenne conscience qu’au
travers des Rites Egyptiens de Tradition, les bijoux de la Loge, les symboles
utilisés, ne doivent pas être, dans ce cas précis, assimilés à de simples
symboles ; - la superstition forme
dérivée et pervertie de la Religion, ne retient du symbole que son sens
matériel sans tenir compte du sens spirituel, ainsi le symbole doit exprimer
l’indicible, le caché, le Dieu présent,
dont la Vérité ne se donnait à voir qu’à certains. Le symbole est le reflet
et du Sacré et de la manifestation de la transcendance La
superstition ne se fonde ni sur la Foi,
ni sur la Raison, elle ne peut être considérée comme une Connaissance. Ainsi,
le symbole dans le cadre d’une pensée
superstitieuse est vidé de sa sacralité - ;
tous les outils sont reliés à la Lumière, cette Lumière particulière qui est au
centre de notre Naos, lieu où se trouvait dans l’Egypte ancienne, l’image ou la
représentation de Dieu UN, que dès lors la Lumière Maçonnique dans notre Rite,
s’il est la maintenance de la Tradition de Cagliostro, de Marconis, demeure
l’expression de Dieu et le signe visible de notre engagement à L’adorer,
c’est-à-dire Le servir, en l‘occurrence
déjà en pratiquant réellement la Fraternité, cela se nomme aussi Charité.
J’ai dit VM.
--------------- Notes
1 ROBESPIERRE
en son Rapport sur les idées religieuses & morales : Discours prononcé à la
tribune de la Convention
le 7 mai 1794 - 18 floréal An II, déclare : « Citoyens,
….. L'idée de l'Être suprême & de l'immortalité
de l'âme est un rappel continuel à la justice ; elle est donc sociale &
républicaine. »
2 Pierre MOLLIER : Note sur la thématique de la lumière dans la
Franc-maçonnerie française du XVIII°
siècle. Extrait des Actes du Colloque Européen des 5 et 6 juillet 2003 sur Le symbolisme de la lumière au
moyen-âge : de la Spéculation à la Réalité. Tiré à part extrait du site de Pierre MOLLIER,
Association des Amis du Centre Médiéval Européen de Chartres Editeur.
3 Id, page 75
4 Pour faciliter la
transcription des textes liés aux Anciens Devoirs, nous usons de l’édition
électronique donnée par Guy CHASSAGNARD, dont le livre imprimé
s‘intitule : Maçons opératifs et
Maçons acceptés. Les Anciens Devoirs, Pascal GEALODE Editeur. Pour l’étude
des A D, il échet de ne pas oublier les travaux de Patrick NEGRIER,
principalement aux Ed. Ivoire-Clair.
5 La fonction de l’expert dans les Rites Egyptiens planche donnée en
son temps par un Frère de l’Ordre de Lyon : http://www.esoblogs.net/1246/la-fonction-d-expert-dans-les-rites-egyptiens/
6 Un recueil des principaux
travaux de l’Ordre est en préparation.
7 CAGLIOSTRO Rituel
de la Haute Maçonnerie Egyptienne Bibliothèque de Lyon, Ms 8871,
page 13 de notre adaptation Word.
Il convient de se reporter à la revue L’Esprit des choses, où Robert AMADOU
publiait le manuscrit.
8 id.
9 id, page 23
10 id, page 4
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