La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Charles Baudelaire, Correspondances.
« Une civilisation se transforme lorsque le travail devient tout à
coup une valeur. »
André Malraux.
Afin de mieux saisir...
Officiellement, la maçonnerie
spéculative, telle que le plus grand l’appréhende aujourd’hui, naît le 24 juin
1717 par la création de la grande Loge de Londres(fig.2). Cet acte fondateur qui voit le regroupement de quatre
loges déjà constituées est considéré de façon commune d’une maçonnerie ayant
désormais pour objet la recherche intellectuelle, par opposition à la
maçonnerie opérative, confrérie d’artisans soucieux de préserver leurs droits
et de protéger leurs secrets de métier.
Les premières traces de groupements
d’ouvriers, pour ce qui en est vérifiable, dateraient de l’Antiquité, on
retrouve des corporations d’artisans en Egypte, sous la XIIe dynastie (v. 2200 av.
JC), en Israël, lors de la construction du temple par le roi salomon, en Italie
au VIIIe siècle avant notre ère (fig. 3).
Toute construction monumentale implique
en effet une organisation hiérarchisée des différents corps de métiers sous la
forme de confrérie ou de collèges.
Entre le VIIIe et le XIe siècle
apparaissent sous nos contrées les premières solidarités de métiers et par là
l’ébauche des premières corporations, les lois de Charlemagne protègent les
travailleurs, leur garantissant un juste salaire, les confréries religieuses
créent une entraide grâce aux dons et aux cotisations de leurs membres. En 1082
Guillaume de Normandie installe les premiers tailleurs de pierre au
Mont-Saint-Michel (fig. 4), il y
fonde une école de taille de pierre placée sous la direction des moines de
Cluny.
Au XIIe et au XIIIe siècle naissent
et se développent les corporations des villes et le compagnonnage (fig. 5).
Ces corporations du bâtiment de par
la nature de leurs travaux touchaient à l'espace, au poids, à la mesure, au
nombre et à la géométrie. A l'époque médiévale, ces éléments étaient l'apanage
le plus souvent de certains ordres religieux et de personnes que nous
qualifierons de "connaissants". Ainsi donc, la Franc-Maçonnerie
fut, dès son origine, un art procédant de la connaissance ou de la
« gnose »... Dieu étant le Grand Architecte de l'Univers, toute
architecture en découle et tout architecte ou constructeur ou oeuvrier n'en
sont que des exécutants du plan Universel (fig.
6)...
Nous avons dit Franc-Maçon. Le terme
« Franc » se réfère aux privilèges de franchise dont bénéficiaient
certaines abbayes de droits seigneuriaux, échappant ainsi aux contraintes.
Cette « Franchise » à l'époque médiévale, fut, entre autre, l'apanage
de la fraternité du « Saint devoir de Dieu », placé sous l’autorité des Templiers dont la protection était universelle et
conférait partout la « liberté de passer »...
C’est donc ainsi durant le Moyen Âge,
dès le XIème siècle que ces organisations (guildes, confréries) vont connaître
leur âge d’or. Il semble que les premiers compagnons se soient formés au début
du XIIe autour des cathédrales en construction, entre les artisans et les
familares (laïcs travaillant avec les moines) ayant quitté les monastères, ils
se regroupent par métier et se dotent de pratiques et de statuts spécifiques
dont le plus ancien à nous être parvenu, le manuscrit Regius, date de 1390 (fig.7).
On y voit la mention de loges, lieux
d’échanges, de confrontation d’idées, d’expérience, d’apprentissage et de
perfectionnement, de fraternité, en somme.
On y voit la mise en place de la
catégorie des apprentis, des compagnons, l’obligation du secret et la
prestation d’un serment. Des éléments constitutifs que l’on retrouvera, jusqu’à
aujourd’hui.
On y rencontre également différentes
légendes de création, comme autant de mythes fondateurs, qui font de la
maçonnerie de l’époque le dépositaire de savoirs qui datent de l’époque
biblique et plus précisément de la construction du Temple par le roi Salomon et
Maître Hiram (fig. 8), son
architecte.
Ce chantier mythique aurait nécessité
la participation de 153000 hommes et duré sept ans et demi. L’organisation
d’une telle armée passa par l’introduction d’une hiérarchie à même d’autoriser
la gestion humaine en définissant tâches et compétences de chacun :
Ainsi
-les ouvriers
-les apprentis
-les compagnons
-les maîtres
Maître Hiram fit en sorte que chacun,
selon grade, reçoive une assignation pour se faire payer, un mot de passe pour
se faire reconnaître. Trois compagnons à qui il avait refusé la maîtrise et le
mot de passe l’assassinèrent. Le fondateur du compagnonnage avait préféré la
mort à la divulgation du secret, mais son décès n’entraina par pour autant
l’arrêt du chantier. Soucieux de la transmission du savoir, Hiram, par la
création d’un ordre avait mis en place une chaîne d’oeuvriers capable
d’assurer, en dépit de la disparition d’un de ses maillons les plus importants,
la continuité du chantier et la transmission du savoir.
Au roi Salomon (fig. 9) sont associés deux autres personnages sur la vie desquels
il serait trop long ici de se pencher en détail, Maître Jacques (fig. 10) et le père Soubise (fig. 11). Tous deux auraient participé
à la construction du Temple. Maître jacques, tailleur de pierres, aurait visité
et se serait instruit à la lumière des hauts lieux d’Egypte et de Grèce, il fut
assassiné par un de ses disciples alors qu’il était en prière. Le Père Soubise,
charpentier, aurait été associé à maître Jacques, il est toujours représenté
avec l’habit de saint benoit, signe des relations très étroites qui unirent en
Occident le monde ouvrier et le monde bénédictin.
Ces trois personnages
« mythologiques » qui animent les légendes compagnonniques n’ont pas
été choisis au hasard : On y retrouve un roi, un tailleur de pierre, un
moine. On y retrouve le schéma fondateur et organisateur de la société
médiévale qui veut que l’homme soit classé dans l’un des trois ordres qui
composent la société de l’époque (ceux qui se battent et dirigent, ceux qui travaillent
et ceux qui prie) mais d’autre par, par l’association avec Hiram, le triptyque
des métiers majeurs de la cathédrale : les métiers du fer, de la pierre,
du bois.
Car au bâtisseur se substitue
désormais, en une tâche consacrée, l’héritier de la première œuvre sacrée que
fut la construction du Temple (fig. 12).
L’identification, la mythification de
l’œuvre contribue dès lors à élever celui qui y participe au dessus de la
masse, par sa contribution volontaire et consciente au chantier d’un temple à
même de rendre gloire sur terre au Très Haut.
Car ces
ouvriers participent à une œuvre sacrée en construisant à la gloire de Dieu,
établissant ainsi un lien entre la transmission du savoir-faire et le domaine
spirituel.
Au-delà, il
est à noter que cette forme d’association ne concerne pas tous les métiers mais
seulement ceux qui exigent de l’ouvrier, grâce à son intelligence et ses
outils, une transformation de la matière, du brut au parfait (fig. 13).
Mais la réalisation de cette mission
devenue quasi-sacrée ne saurait en permettre la participation qu’à l’élite des
gens du métier formés et initiés à la particularité du travail à accomplir.
Car, je le répète, il s’agit de la
construction d’édifices à la
Gloire de Dieu (fig.
14).
Apprentis
puis compagnons, c’est à eux que passe les pouvoirs de création architecturale
dévolus aux moines, à ces spécialistes laïcs que sont les maîtres d’œuvre, les
maçons, les tailleurs de pierre, les sculpteurs, les ymagiers.
Cette mission demande auprès de
l’oeuvrier un certain nombre d’exigences :
-Ainsi, progressivement, afin
d’élever l’esprit à la hauteur de la tâche à accomplir est-il demandé à
l’Adepte l’assimilation des connaissances, du savoir construire à la
connaissance de soi et par là l’acceptation des degrés dans cet apprentissage.
-La conservation et le respect des
secrets de métier révélés au fur et à mesure.
-La compréhension du passage de la
créature à la création dans l’univers du chantier, passage obligé quant à
l’accès au symbole et au secret.
-Le devoir de transmission de ce
secret de l’Art aux sujets capables.
-Le devoir de ne jamais cesser
d’œuvrer à toute fin de perfection alors que celle-ci est étrangère à ce monde.
-Le devoir de toujours honorer Dieu
par sa conduite et la pratique de l’Art en quelque endroit où l’on se trouve.
En réalité, l’identité des
compagnonnages repose avant tout, dés l'origine, sur la mise en œuvre des
principes chrétiens les plus élémentaires, et en cela une attitude reflétant
bien davantage qu'une religiosité naturelle ou une conformité aux mœurs
ambiantes, mais une véritable quête spirituelle.
Par cette démarche, l’oeuvrier,
l’adepte… le compagnon, se réapproprie l’ouvrage, son exécution, il se libère
de la servitude et, par le travail, se rend libre, corps et âme.
Parmi les indices pouvant nous aider à mieux connaître ces milieux
professionnels qui par le caractère secret de leurs associations demeurent
d’une approche difficile, il faut compter en premier lieu ces marques qui
apparaissent en grand nombre sur les pierres taillées qui ont servi à bâtir bon
nombre d’édifices (fig. 15/click).
On s’est beaucoup interrogé sur l’origine et la signification de ces marques.
Même si l’on en trouve dont l’inspiration peut-être religieuse, il faut y voir
des marques permettant d’identifier l’auteur de l’ouvrage qui en garantit ainsi
la qualité. Il semble bien que ce soit là la principale interprétation qu’il
faille en donner. Il n’en reste pas moins que cette pratique comporte des
implications adjacentes, sur lesquelles il convient de s’arrêter en raison de
la complexité quelles laissent entrevoir.
Il n’est guère douteux que ces marques aient eu une valeur
professionnelle voire symbolique. On sait qu’elles se transmettaient de père en
fils et qu’elles contribuaient à établir des sortes de filiations et d’inscrire
l’identité de l’exécutant (fig. 16)
au sein de l’œuvre anonyme, permettant sans doute à des ouvriers de se
reconnaître par ces signes qui nous paraissent aujourd’hui naïfs ou mystérieux.
On sait par ailleurs que ces marques permettaient d’effectuer le
comptage en fin de journée en vue de procéder à la paie des ouvriers. En effet,
dans les chantiers itinérants ou lorsqu’il fallait faire appel à un grand
nombre d’ouvriers pour un gros chantier, on recrutait des ouvriers à la journée
que l’on payait à la tâche. Dans les chantiers stables, comme ceux des grandes
cathédrales du Nord, les équipes étaient plus sédentaires, les ouvriers mieux
connus étaient payés à la journée et avaient moins de raisons de marquer leurs
pierres.
Du fait du caractère initiatique que ces marques tendent à conférer à la
vie professionnelle et de la solidarité corporative qu’elles contribuent à
renforcer par le code de reconnaissance secrète qui s’établit par ce moyen de
chantier en chantier, on a parfois eu tendance à y voir, là aussi, un des
signes génétiques de la franc-maçonnerie.
Spiritualité
du travail…
Cette glorification du travail,
toujours d’actualité dans le cadre compagnonnique, devient fondement et ferment
de ces corporations, ceci est vrai, et se doit d’être admis, à tout degré, à
tout grade, à tout niveau hiérarchique.
Car le but édificateur de la tâche
est transmis, par l’Initiation (fig. 17).
La véritable initiation transmet un
secret. Elle ne vulgarise pas, elle ne met pas à la portée de tout le monde,
elle n'uniformise pas. Il y a le secret : concilium vero et il y a les secrets.
Les secrets concernent des rites de fondation venu du fond des âges païens ;
des secrets de métier des maçons opératifs, secrets ayant rapport à des
« tours de main », à des procédés utilisant la géométrie plane ou
spatiale ; des secrets concernant la formule de fabrication de certains ciments
comme celle utilisée par les Maçons de l'Empire Romain ; secret de
manipulation, de transport, de mise en place de la pierre, de rites de fondation d'un bâtiment etc... Secrets
pour la plupart perdus car non utilisés par les Maçons spéculatifs ou acceptés.
Quant
au Secret…
Les premières difficultés
apparaissent pour les compagnons au XIVe siècle. Bons nombres d’ouvriers
bâtisseurs, persécutés par Philippe le Bel, quittent la France. A qui leur demandait la
raison, ils répondaient : « Nous voulons la liberté, nous ne voulons
être ni serfs ni manants, nous voulons être ce que nous fit Saint Louis :
des maçons francs, des ouvriers affranchis, des hommes respectés ». Les
rapports sociaux se détériorent, la grève est interdite, le travail libre
soumis à amende. La maîtrise est réservée à la bourgeoisie naissante.
En 1326, le Concile d'Avignon
condamne les fraternités et les confréries, dont les pratiques, les insignes et
le langage secret lui paraissent menacer l'orthodoxie de la foi[1].
La guerre de Cent Ans puis les
conflits entre protestants et catholique[2] vont
supprimer les grands chantiers religieux et désorganiser, quand elles ne sont
pas interdites, les différentes confréries de métiers. Confrontés au chômage,
suspectés par le pouvoir en place, les maçons opératifs se tourneront vers les
pouvoirs locaux comme en Ecosse où les Statuts Shaw en 1598 vont organiser la
vie des loges.
Soucieux de s’attirer les bonnes
grâces des puissants, les maçons opératifs vont aussi prendre une décision qui
aura une influence déterminante pour la création de la franc-maçonnerie
moderne : dès le XVIIe siècle, les loges acceptent dans leur rang des hommes
d’influence au sein de la Cité
que ne sont pas des artisans. La première mention écrite d’un maçon ainsi
intégré date de 1600. C’est là un tournant essentiel puisque, peu à peu, des
loges feront leur apparition, constituée presque uniquement de francs-maçons
non opératifs (fig. 18/Click).
La suite nous est connue, une lente
mort programmée et fruit du « progrès » annoncé par les
« lumières ». La naissance de l’ère nouvelle, dont ce siècle est
l’héritier, sonne définitivement le glas des chantiers des temples. L’époque
moderne substitue à l’adepte de l’Art l’artisan, à l’oeuvrier, l’ouvrier, le
premier n’offrant plus que sa mémoire, le second que ses muscles. Le temps du
travail est désormais compté, la créativité cède le pas au rendement,
l’aliénation à la tâche reprend son droit et réaffirme la servitude (fig.19).
Entre interdictions et renaissances
sous d’autres formes adaptées à la société contemporaine naissante l’oeuvrier
bâtisseur perd sa place.
Les progrès de l’industrie,
l’électricité, le chemin de fer, la mécanisation amènent des bouleversements
dans les pratiques et les mentalités. Une incompatibilité se crée entre le
nouvel état d’esprit de la classe ouvrière et les rites étranges et insolites
du compagnonnage. Les progrès de l’industrie amènent une mécanisation et la
division du travail. L’éducation technique, but essentiel du compagnonnage est
de moins en moins nécessaire, le travail de la machine se substitue de plus en
plus au travail humain : « l’ouvrier n’évolue plus » dira
Agricol Perdiguier (fig. 20).
L’oeuvrier du sacré redevient ouvrier
du profane.
Or, nous l’avons vu la démarche même
de cette maçonnerie des origines ne peut légitimer son sens qu’en relation
étroite avec le divin.
« Si Dieu ne bâtit l'ouvrage,
les maçons construisent en vain... », comme il est écrit dans le Regius,
en paraphrase des Psaumes.[3]
« Être un homme, c'est sentir, en posant sa pierre, que
l'on contribue à bâtir le monde », nous dit Saint Exupéry.
Le XXe siècle a été celui des
paradoxes pour le compagnonnage, voué à une disparition certaine, il s’est
relevé petit à petit grâce à la volonté d’hommes qui ont su l’analyser et
l’adapter à la nouvelle société (fig. 21).
Pour certains il y perdra son âme, pour d’autre il y recouvrera les devoirs de
transmission et de mémoire.
En novembre 2010, le compagnonnage
français a été inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO.
Le philosophe Bernard de Castéra en
dira : « Le compagnonnage est
l’héritier d’une culture ouvrière qui se confond avec le patrimoine spirituel
des grandes civilisations.
Pour les plus antiques d’entre elles, les monuments architecturaux sont
souvent les seuls témoins qui nous restent de l’effort des hommes pour s’élever
du visible à l’invisible.
La richesse des rites et des légendes en témoigne, mais plus encore le
geste ouvrier, celui qui produit ces œuvres. En accomplissant ce geste, c’est
l’homme lui-même qui se construit, qui s’accomplit dans l’unité de la main et
de la pensée.
Avec le recul du temps, il est permis de dire que le compagnonnage a joué
un rôle éducateur. »
L’esprit spéculatif, initié il y a
quatre siècles, libre des contingences professionnelles, a peut-être autorisé
la survivance, la perduration de la notion du Grand Œuvre.
Victime à son tour de nombre de
persécutions, de condamnations il n’a eu de cesse d’entretenir la Tradition, naïve pour
certains, d’un certain idéal.
A l’image des confréries placées sous
la protection ou le patronnage d’une divinité ou d’un saint[4], les
Francs-maçons modernes proviennent tous de la loge de Saint Jean, espace de
travail spatio-temporel sacré où, de midi à minuit, ils apprennent à élever des
temples à la vertu et à creuser des cachots pour les vices. La Franc-maçonnerie,
c'est à nouveau l'initiation oeuvrière, il s'agit pour le nouvel initié, devenu
matière de son œuvre, d'apprendre à
passer de l'état de chose à l'état d'être, c'est le passage du "j'ai"
au "je suis".
Le chantier entamé, cette fois-ci par
l’intelligence, est sans cesse recommencé car contrairement à la cathédrale de
l’oeuvrier passé, celui-ci n’a pas de fin, (fig.
22) les colonnes sans toit et la voute étoilée des temples maçonniques en
impose l’image éternellement imparfaite. Si les fondations sont posées, le
travail, la persévérance et la prière de l’Adepte sont tournés, moins vers
l’élévation de tours à la
Gloire de Dieu, qu’à la construction du Compagnon lui-même
devenu artiste et objet de son propre travail, destiné à devenir meilleur, pour
la Gloire du
Grand Architecte.
À une
époque partagée entre intégrisme de tous bords, délires sectaires et
libéralisme sauvage, les hommes sont en quête de sagesse et d'amour, donc de
philosophie. C'est sur cette même aspiration qu'a été créée la franc-maçonnerie
au XVIIIe. En particulier en France, où elle a épousé ensuite les valeurs fondamentales
de la République
que sont la laïcité de l'État et le respect des droits de l'homme.
Mouvement
humaniste, société initiatique, la franc-maçonnerie unit des hommes et des
femmes dans la pratique d'un langage symbolique et dans l'observation de rituels,
pour réfléchir, rêver, et, pourquoi pas, construire (fig. 23).
[1] Il est curieux, en tout
cas, de constater que c'est justement aux environs de ce milieu du XIV, siècle
que, pour la première fois vraisemblablement, une Loge de Francs-Maçons fut, en
Angleterre, non plus dissoute et dispersée selon l'usage, après que l'édifice à
propos duquel elle avait été ouverte fut terminé, mais, au contraire, maintenue
en activité et donc conservée pour elle-même.
[2] En 1567 le protestant Théodore de Bèze fait sauter la
croisée du transept de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, amenant la
scission entre «le Devoir» et «le Devoir de Liberté».Les compagnons catholiques
sont appelés «Devoir» ou «Devoirants», Les protestants, «Devoir de Liberté» ou
«Gavots».
[3] Si l’Eternel ne bâtit la
maison, Ceux qui la bâtissent travaillent en vain; Si l’Eternel ne garde la
ville, Celui qui la garde veille en vain. En vain vous levez-vous matin, vous
couchez-vous tard, Et mangez-vous le pain de douleur; Il en donne autant à ses
bien-aimés pendant leur sommeil.
Ps 127.1-2
[4] Au Moyen Age, l’habitude
est de placer une action et en particulier un métier sous la protection d’un
saint. Les maçons qui ont le triangle pour emblème, symbole de la Trinité, ont choisi pour
patron un grand nombre de saints. Le plus caractéristique paraît être Saint
Thomas souvent représenté avec une équerre, instrument de l’architecte qu’il
aurait été au service d’un roi de l’Inde, au cours de son périple en Orient. On
cite aussi Saint Blaise, Saint Etienne, à cause de sa lapidation, et même Saint
Louis, bâtisseur de la
Sainte Chapelle. Pour les tailleurs de pierres, c’est Saint
Ambroise ou Saint Silvestre, le pape bâtisseur, qui était invoqué à côté des
saints protecteurs des maçons.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire