1/30/2013

A quels indices reconnaîtrais-je un véritable maître dans l'art primitif ? (Extrait du Rituel (Catéchisme) de la Haute Maçonnerie Egyptienne)



A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE TOUS LES MONDES

Vénérable Maître,
Mes Frères en vos Degrés, Grades et Qualités,

Ne l'oublions jamais, CAGLIOSTRO est CHRETIEN, et à ce titre ne saurait reconnaître qu'un Maître, Notre Seigneur Jésus+Christ.

Fidèle aux Anciens Devoirs, les Rites Egyptiens s'inscrivent dans l'Ancienne Maçonnerie dite Maçonnerie de Tradition, et si aux origines n'existent que les degrés d'Apprenti et de Compagnon, le terme de Maître étant réservé à celui qui dirige la Loge,  certes se troue évoqué distinctement et complémentairement  le grade de maître, à compter de 1711  avec le Ms de Trinity College (1) lorsque  dans le Ms Graham de 1736, à la question d'où venez-vous ? Il est répondu :
"Je viens d'une juste et respectable loge de maîtres et de compagnons appartenant à Dieu et à St Jean, qui saluent tous les vénérables et parfaits frères e nos saints secrets." (2).

Au diable si j'ose dire, l'a-dogmatisme des Loges libérales, Mes Bien Aimés Frères, la base est bien posée, la qualité de maître n'existe que par référence à,  et sous la dépendance de Dieu et de St Jean.

Il conviendra de ne point seulement, méditer ce soir sur ce que signifie être un maître dans la Maçonnerie de Tradition, mais de garder en mémoire l'essence de ce Degré et par voie de conséquence, les Devoirs qu'il nous échet de pratiquer.

I
Alors que CAGLIOSTRO évoque que préalablement pour parvenir à la purification de l'être de Désir il lui revient de "commencer par connaître les caractères spirituels, les invocations à Dieu, la manière de s'habiller et la méthode dont il faut former et préparer les instruments de l'art selon les influences planétaires.", il échet e ne pas se tromper dans le sens de ces propos.

Ne se trouve pas suggérée une quelconque pratique magico-astrologique, mais la nécessité de connaître le champ de la Création de Dieu, avant toute tentative dit-il de   "commencer par connaître les caractères spirituels, les invocations à Dieu."

Que l'on ne se méprenne pas. La connaissance de la Nature visible, terrestre et d'une manière générale liée à la Création en laquelle Dieu nous plaçait, est un préalable qui sera rappelé par la Tradition Hermétique (au sens réel du terme), lorsque par exemple Irénée PHILALETHE débute son Témoignage afin d'attester qu'il bénéficiait du Don de Dieu par ces mots : "Ayant pénétré, moi, Philalèthe, philosophe anonyme, les arcanes de la médecine, de la chimie et de la physique, j'ai décidé de rédiger ce petit traité, l'an 1645 de la Rédemption du monde et le trente troisième de mon âge."  (3)

Discuter sur la connaissance naturelle comme préalable à la queste de la Connaissance Spirituelle n'est pas présentement l'objet de notre méditation ce soir.

Si la Tradition Alchimique, constituée de ceux qui reçurent le Don de Dieu par cette voie très particulière, offre des écrits qui sont semés d'éléments inutiles ou farceurs, on ne s'étonnera pas que CAGLIUOSTRO, de semblable  façon, ait pu égrener dans son Catéchisme appelé volontairement et faussement Rituel, des suggestions qu'il ne convient pas  de prendre à la lettre, sauf à risquer de s'engager vers des voies qui ne mènent nulle part, du moins hors du Chemin proposé par le fondateur des Rites Egyptiens.


II

A quels indices reconnaîtrais-je un véritable maître dans l'art primitif ?

CAGLIOSTRO répond : " à la réalité de ses faits par sa manière d'opérer en votre présence, qui ne doit être que celle d'implorer le Grand Dieu et de commander aux sept anges primitifs, sans jamais recourir à une voie superstitieuse ou idolâtre."

- CAGLIOSTRO explicitement récuse les voies superstitieuses et idolâtres

- CAGLIOSTRO rappelle que  rien ne peut être obtenu par l'être lui-même, et que tout vient de Dieu

- CAGLIOSTRO évoque les sept anges primitifs, comme rappel de l condition initiale de l'homme avant la Chute.

1 - Il ne peut être de malentendu, toutes les  voies dépendant de la volonté humaine, de l'orgueil, des pratiques liées à une prétendue connaissance qui ne serait pas Dieu et ne viendraient pas de Dieu, sont rejetées.

2 - Confirmant et complétant ce qui précède, le véritable maître dans l'art primitif est dans une humilité totale, conscient de sa relation à Dieu, il sait que tout vient de Son Créateur, que le pouvoir de l'homme n'existe pas dans le champ spirituel, que tout vient bien de Dieu imploré préalablement et qui accorde ou n'accorde pas selon le Mystère de La Grâce.

3 - Par l'orgueil et le refus de sa relation à Dieu, l'homme connaîtra la Chute dite originelle. La relation disparaît, alors qu'antérieurement Adam, chargé de garder et cultiver le Jardin d'Eden, le monde angélique ne lui était pas étranger, car participant à Dieu, pour les Pères de l'Eglise, l'homme ne fut pas créé comme un être autonome se suffisant à lui-même pour reprendre la belle formulation de Jean MEYENDORFF (4).
CAGLIOSTRO nous le rappelle : " Dieu, ayant formé l'homme à son image et à sa ressemblance, il est le plus parfait de ses ouvrages", il convient de ne pas oublier que cette image qui doit tendre à la ressemblance de Dieu, implique pour l'homme de participer à l'expansion de cette Création mais aussi de communier  avec les énergies divines selon que l'enseigne la tradition Patristique, communion ne signifiant pas fusion.

Cette communion-participation s'inscrit dans une dynamique de la création qui n'est pas statique, comme le relève Saint Basile en sa V° Homélie sur l'Hexaéméron lorsque, évoquant  la Genèse, il déclare : "Ce simple commandement fut aussi tôt une puissante loi de nature, une raison industrieuse qui, d'un mouvement plus rapide que celui de notre pensée, menait à leur achèvement les mille particularités des plantes. Aujourd'hui, ce commandement inscrit dans la terre, la pousse chaque année à monter tout ce qu'elle possède de fécondité, pour produire des herbes, des graines et des arbres."  (5)

De la sorte, on comprend mieux ce que CAGLIOSTRO  entend lorsqu'il évoque les sept anges primitifs qui participent aux énergies divines.

III

CAGLIOSTRO ajoute : "à sa patience parce que, quoiqu'un homme soit entièrement dévoué à la Divinité, il ne parviendra à tout ce qu'il veut apprendre et connaître que par la patience."
Le véritable maître dans l'art primitif, n'accédera  que par la patience, à Connaitre - autant que faire se peut - Dieu.
CAGLIOSTRO en bien des lieux de son Catéchisme, insiste sur la prière, le Devoir de Prier !

La Prière nous conduit vers une voie d'adoration certes, mais aussi de communion avec Dieu.
Cette communion, il s'avère difficile de l'évoquer, de la décrire plus exactement, en ce qu'elle est toujours le fruit d'une expérience personnelle inhérente à La Grâce.
Parce que chaque être est différent dans sa sensibilité, sa culture, son vécu, cette Communion qui finira par devenir expérience de La Présence, peut se manifester à chacun selon ce qu'il est, cela fait partie de l'Amour de Dieu qui sait pour chaque être comment et à quel instant Il peut ou doit Se manifester.
Il est certain qu'alors une humilité totale au plan spirituel,  ne quittera plus l'être disposant de cette Grâce devenue Devoir, et non pas déjà à ce Devoir, mais à cet autre,  celui qui nous incombe, celui de la vraie Fraternité,  qu'il nous revient de réfléchir si nous le pratiquons, c'est à cette méditation mes Bien Aimés Frères que je vous invite, car c'est par le travail sur nous-mêmes, l'humilité  et la patience que notre Maître CAGLIOSTRO nous précise les conditions pour devenir peut-être un jour un véritable Maître.
J'ai dit.


----------------- Notes
1 La franc-maçonnerie : documents fondateurs, L'HERNE Ed, cahier N° 62, page 173.
2 id, page 193.
3 yréné Philalèthe : L'entrée ouverte au palais fermé du roi, Préface I, nombreuses éd
4 On ne relira jamais assez l'incontournable Initiation à la théologie Byzantine
de Jean MEYENDORFF, Cerf Ed, 1975, qui vient de reparaître.
5  St Basile : Homélies sur l'Hexaéméron, Cerf Ed, Coll.  SC N° 26, pages 319 et 323.