2/25/2014

La Lumière maçonnique dans les anciens Rituels de la Maçonnerie Egyptienne et ses rapports aux Anciens Devoirs



ORDRE DE LYON


ORDRE MACONNIQUE RETABLI DE MEMPHIS ET MISRAIM

Souverain Sanctuaire de Béthanie


R :.  L:.  LA SAGESSE TRIOMPHANTE
Loge de recherche sur les Rites Egyptiens

La Lumière maçonnique dans les anciens Rituels de la Maçonnerie Egyptienne et ses rapports aux Anciens Devoirs

A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE TOUS LES MONDES
VENERABLE MAITRE
MES SOEURS, MES FRERES EN VOS DEGRES GRADES ET QUALITES


Parmi les conséquences de la révolution Andersonienne, qui s’opposant au Pape de Rome et au Catholicisme, en vint même à nier le Christianisme comme essence de la Franc-Maçonnerie de Tradition, le terme de Dieu sera remplacé par  celui imprécis de G.A.D.L.U. qui deviendra l’Etre Suprême  qui n’est pas Dieu, concept cher à Robespierre (1)  et à la Révolution Française, et cette négation du dépôt chrétien  de l’Ancienne Maçonnerie, amènera la Maçonnerie moderne a-dogmatique et libérale à transformer le sens des symboles au point de retirer toute spiritualité à ce qu’ils exprimaient, au profit d’une définition matérialiste : cet agnosticisme ou cet athéisme guidant l’enseignement sur les  symboles depuis ladite révolution, près  l’ensemble pratiquement des maçons encore aujourd’hui.

Alors que l’historien reconnu de la Franc-Maçonnerie, Pierre MOLLIER, a souvent offert des travaux incontournables, il échera ce soir, de s’inscrire en faux face à sa réflexion  quant à sa  « Note sur la thématique de la lumière dans la Franc-maçonnerie  française du XVIII° siècle » (2).

Notre Frère en effet écrit : « Dès 1745, l'une des premières divulgations des cérémonies et usages de la Franc-maçonnerie en France  «L'Ordre des Francs-maçons trahi » atteste de l'importance de la thé­matique de la lumière dans la démarche maçonnique. Au nouveau reçu on pose la ques­tion suivante :
« Pourquoi vous êtes- vous fait Maçon ? » à quoi il répond « Parce que j'étais dans les ténèbres et que j'ai voulu voir la lumière ». (3).

Certes, il sera possible  de nous taxer d’un petit mauvais procès d’intention envers ce Frère que nous reconnaissons comme l’un des trois ou quatre  meilleurs historiens de la Franc-Maçonnerie pour notre époque, attendu que son propos traite du XVIII° siècle ;  mais il est un regret, c’est que jamais en ses écrits, Pierre MOLLIER n’évoque – du moins à notre connaissance – les Anciens Devoirs , et une note donnée à l’occasion de  sa communication quant à l’évocation de la Lumière dans le cadre de l’Ancienne Maçonnerie, aurait évité notre présente perplexité.

Ce n’est pas à compter de 1745, comme pourrait le laisser entendre  la citation livrée, que se trouve évoqué le thème de la Lumière dans la Franc-Maçonnerie, et la leçon tout à la fois des Anciens Devoirs, puis des premiers Rituels de la Maçonnerie Egyptienne  (qui sont totalement chrétiens puisque cette Maçonnerie a constitué la contre-révolution Andersonienne) montre que le thème de la Lumière est présent, qu’il échet de ne pas le comprendre comme autre chose que l’expression, sinon de la présence, du moins la représentation de Dieu.

I
La Lumière Maçonnique dans les Anciens Devoirs

1 la Charte de Cologne de 1535 rappelle :

«C’est pourquoi ils se sont engagés, par le serment le plus sacré, à conserver plus pures et plus correctes les doctrines fondamentales de la religion, qui inspirent la vertu et qui sont innées à l’esprit humain; à s’y consacrer entièrement, afin que, de cette façon, la vraie lumière se relève de plus en plus des ténèbres, pour combattre la superstition, et pour établir solidement parmi les hommes la paix et le bien-être, grâce à la pratique de toutes les vertus humaines » (4)

Cette religion est bien le Christianisme :

2 Le grand mystère des francs-maçons de 1700 expose :

« Q. - Combien de Lumières ? / R. - Trois : une plein est, une au sud et une à l’ouest. / Q. - Que représentent-elles ? / R. - Les trois Personnes, le Père, le Fils et l’Esprit Saint. »

3 Le manuscrit Dumfries N°4 de 1710 confirme la représentation du Christ :
« Q. - Quel est le mystère du candélabre d’or ? / R. - Le candélabre d’or avec ses six branches et ses sept lumières représente le Christ et les ministres. Le Christ, le fondement, est le grand prêtre et la lumière du monde qui nous illumine et nous guide vers la vie éternelle ; les prêtres et ministres de l’Église sont les branches, que le Christ éclaire avec la saine doctrine de l’Évangile ; aussi ne doivent-ils pas être séparés du Christ, mais, par la lumière de la doctrine, éclairer nos pas, et de même que tou­tes les branches étaient réunies sur le candélabre, cha­que ministre et enfant de Dieu doit-il être uni intimement au corps du Christ.  Les fleurs et les lis désignent les grâ­ces de son Esprit qu’il a accordées aux ministres de la foi. Les lumières et les lampes rappellent à tous les ministres de Dieu de le servir avec soin et avec zèle. »
Ce rattachement des Lumières à la Très Sainte Trinité, se manifeste encore :
4 Le manuscrit Graham de 1726 confirme la Foi Chrétienne et de surcroît confirme  la haute spiritualité  des symboles :
« Q. - Je reconnais que vous êtes allé dans une Loge; je vous demande maintenant combien de Lumières appartiennent à une Loge? / R. - Je réponds douze. / Q. - Quelles sont-elles? / R. - Les trois premiers joyaux sont le Père, le Fils et le Saint Esprit ; puis viennent le soleil, la lune, le Maître Maçon, l’équerre, la règle, le plomb, le fil, le maillet et le ciseau. / Q. - Démontrez que tous ceux-ci sont complémentaires. / R. - Pour ce qui est de la Sainte Trinité, elle donne la sagesse. En ce qui concerne le soleil, il procure la lumière du jour et de la nuit. Quant à la lune c’est un corps obscur issu de l’eau, qui reçoit sa lumière du soleil et est également reine des eaux qui constituent le meilleur des niveaux. En ce qui concerne le Maître Maçon, il enseigne le Métier et doit former une triple voix pour transmettre nos secrets, s’il est un homme éclairé, car nous croyons en un pouvoir supérieur. / Car bien que les 70 aient eu un grand pouvoir, les 11 avaient un pouvoir plus grand encore parce qu’ils avaient choisi Matthieu pour remplacer Judas. Pour ce qui est de l’équerre, de la règle, du plomb, du fil, du maillet et du ciseau, ce sont six outils sans lesquels un Maçon ne peut accomplir un bon travail. /Q. - Quelle interprétation peut-on tirer de ces 12 lumières? / R. - Nous en tirons l’interprétation selon laquelle ce sont les 12 patriarches et aussi les 12 bœufs, dont nous lisons au chapitre 7 du Premier Livre des Rois qu’ils portaient la mer d’airain et étaient le symbole des 12 disciples qui devaient être instruits par le Christ. / Q. - Mais comment arriva-t-il que des ouvrages des Babyloniens pussent demeurer debout avant que la lumière de l’Évangile n’advienne? /R. - Je vous réponds cette fois en vous retournant votre question : parce que l’orgueil des Babyloniens, déjà mention­né, avait offensé Dieu, de sorte qu’en raison de leur faute les langues furent confondues afin que l’humanité ne refît plus jamais la même chose sans la permission divine, qui ne pouvait être obtenue que par la foi et la prière. »
Les symboles de la Loge sont bien reliés aux Christ.
Mes Bien Aimés Sœurs et Frères,
>>>  Il me semble fondamental de rappeler que dans l’Ancienne Maçonnerie :
-         Les maçons sont Chrétiens,
-         Que la Lumière c’est Dieu, qui éclaire ce qui était obscurité, cette obscurité nourrie par les superstitions,
-         Que tous les symboles de la Loge sont rattachés au Christ.
Qu’il me soit permis avant de poursuivre une remarque  relativement aux Rites Egyptiens de Tradition :
-         Ainsi que cela va être exposé les Rituels sont chrétiens et  donc n’évoquent que Dieu UN.
-         Alors que l’Egypte ancienne croyait en un  seul Dieu (ce que certains nomment les grands Mystères), le peuple pouvait lui être superstitieux, en imaginant que les manifestations ou représentations diverses  du Dieu UN représentaient des dieux distincts (ce que certains nomment les petits mystères), ces représentations  sont à comprendre comme des manifestations particulières, des hypostases du Dieu Unique,  elles doivent être comprises comme telles, et tous les symboles de la Franc-Maçonnerie se fondent dans un seul Symbole (au sens noble où ce terme peut être employé) , à savoir LA LUMIERE qui éclaire le Naos (5) contenant l’ IMAGE DIVINE.
-         Faisons attention à ne pas dénaturer le sens des outils,  apprenons à les relier à l’unique Lumière qui dans le cadre de notre Rite éclaire le Naos.
II
La Lumière dans les anciens Rituels de la Maçonnerie Egyptienne
1 Le Rituel de la Haute Maçonnerie de Cagliostro (24/12/1784) à l’égard de la Lumière, justifierait une planche particulière. Par ailleurs, exposé en bien des parties dans ce texte qui se présente plutôt comme un catéchisme,  le thème de la Lumière ne cesse de renvoyer à Dieu et les travaux de notre RL de recherche depuis plus de trois ans, attestent de ce fait. Nous examinerons toutefois ce Rituel, après avoir évoqué l’Initiation chez Marconis.
2 le Panthéon Maçonnique de Jacques-Etienne Marconis (1860), qui reprend un certain nombre de Rituels du Rite de Misraïm,  rappelle ce que signifie la Lumière maçonnique, dès l’Initiation :
« Le VM s'adressant au récipiendaire, s'exprime ainsi:
Je dois vous faire connaître que le premier principe d'un Franc-Maçon est de croire en Dieu et de l'adorer; son étude est de s'attacher  à distinguer le sacré du profane et la lumière des ténèbres.
R. ·. C'est ma conviction.
D. ·. Cette croyance fait honneur à votre cœur et à votre raison, elle fait la base de la vraie philosophie …
D. ·. Que demandes-lu ?
R. ·. La lumière.
Le Vénérable frappe un coup de maillet que les Surveillants répètent et dit :
Vous êtes dans les ténèbres, je vous donne la lumière. »



>>> Ainsi que je rappelais, il convient de ne pas se tromper sur la spiritualité des Rites Egyptiens.
- Il convient de croire en Dieu et l’adorer,
- Il convient de distinguer le sacré du profane, la lumière des ténèbres,

- En déclarant donner la lumière, le VM aura en charge avec les Surveillants et l’ensemble de la Loge, d’amener celui qui était dans les ténèbres, à savoir peut-être dans une partielle méconnaissance de la Religion ou dans l’ignorance source des superstitions, à davantage se rapprocher de Dieu dans sa Foi, c'est-à-dire  par la prière et la pratique des œuvres, et adorer Dieu, c’est Le servir,  car comme le rappelle Jésus+Christ  (Mathieu XXV, 40) : « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez. »


Dans la religion de l’Egypte pharaonique, les formes divines et l’abondant panthéon ne sont qu’un moyen d’appréhender le divin, incompréhensible dans sa totalité,  à l’esprit de l’homme. Si Dieu est Infini et éternel, l’homme ne peut se rapprocher de Dieu aisément : les images de la création sont donc présentent pour nous permettre de mieux comprendre la nature du Divin, et nous émerveiller sur l’infinité de ses manifestations. Ces images servent de lien entre la créature et le Divin, présentement comme dans le cadre des Anciens Rituels de la Maçonnerie Egyptienne,  nous sommes invités à faire l’expérience  de la transcendance, c’est-à-dire de la Présence.
3 Le Rituel de la Haute Maçonnerie de Cagliostro ne pouvait être abordé préalablement à ces observations sur le sens de la Lumière, attendu que tout le catéchisme du Grand Cophte, porte sur la Prière, l’ascèse, l’adoration de Dieu.
Convient-il de revenir sur nos anciens travaux (6)
Selon la version que notre RL utilise quant à ce catéchisme, il échet de rappeler  ce que déclare Cagliostro : « A la question : " Quel moyen faut-il employer pour obtenir cette grâce de Dieu?", il est répondu :  " En l'adorant, en respectant son souverain et surtout en se consacrant au bonheur et au soulagement de son prochain, la charité étant le premier devoir d'un philosophe et l'œuvre la plus agréable à la Divinité. À cette conduite, il faut y joindre des prières ferventes." (7)

Sur les motifs de l'engagement que devra prendre le Maçon, CAGLIOSTRO précise : " ce serment ne consiste que dans la promesse d'adorer Dieu, de respecter votre souverain et d'aider votre prochain. Vous serez obligé de plus de promettre personnellement à votre maître de lui obéir aveuglément, de ne jamais passer les bornes qu'il vous aura prescrites, de ne jamais avoir l'indiscrétion de demander la connaissance des choses purement curieuses, enfin de vous soumettre à ne jamais travailler que pour la gloire de Dieu et pour l'avantage de son souverain et de son prochain." (8)
Adorer Dieu, c’est travailler à Sa Gloire. Aussi, ne soyons pas surpris  par cette invitation du Vénérable à l’adresse de ses frères quant à l’ouverture de la Loge : « "À l'ordre, mes frères. Au nom du Grand Copte, notre fondateur, cherchons à agir et à travailler pour la gloire de Dieu, de qui nous tenons la sagesse, la force et le pouvoir et tâchons d'obtenir sa protection et sa miséricorde, pour nous, pour les souverains et pour notre prochain. Joignez vos prières aux miennes pour implorer en ma faveur son secours et les lumières qui me sont nécessaires." (9)
Le secours et les lumières, viennent de Dieu. Il échet dès l’initiation, pour le maçon, de se rapprocher de la Divinité, et Cagliostro le rappelle dans les statuts de la Primitive RL Loge LA SAGESSE TRIOMPHANTE - où selon le Rituel que nous étudions - à la 28° obligation : « L'orateur fera un discours à chaque initiation et à chaque assemblée générale. Qu'il peigne sans cesse à ses frères la nécessité de se rapprocher de la Divinité" (10)
Mes Bien Aimés Sœurs et Frères,
Il serait possible de nous attarder sur les textes proposés à votre méditation, il convenait ce soir, que chacun d’entre nous, demain ou déjà maintenant dans le cadre de cette Tenue, prenne conscience qu’au travers des Rites Egyptiens de Tradition, les bijoux de la Loge, les symboles utilisés, ne doivent pas être, dans ce cas précis, assimilés à de simples symboles ; - la superstition  forme dérivée et pervertie de la Religion, ne retient du symbole que son sens matériel sans tenir compte du sens spirituel, ainsi le symbole doit exprimer l’indicible, le caché, le Dieu  présent, dont la Vérité  ne se donnait à voir qu’à  certains. Le symbole est le  reflet  et du Sacré et de la manifestation de la transcendance  La superstition  ne se fonde ni sur la Foi, ni sur la Raison, elle ne peut être considérée comme une Connaissance. Ainsi, le symbole  dans le cadre d’une pensée superstitieuse  est vidé de sa sacralité - ; tous les outils sont reliés à la Lumière, cette Lumière particulière qui est au centre de notre Naos, lieu où se trouvait dans l’Egypte ancienne, l’image ou la représentation de Dieu UN, que dès lors la Lumière Maçonnique dans notre Rite, s’il est la maintenance de la Tradition de Cagliostro, de Marconis, demeure l’expression de Dieu et le signe visible de notre engagement à L’adorer, c’est-à-dire  Le servir, en l‘occurrence déjà en pratiquant réellement la Fraternité, cela se nomme aussi Charité.
J’ai dit VM.

--------------- Notes
1 ROBESPIERRE en son Rapport sur les idées religieuses & morales : Discours prononcé à la tribune de la Convention le 7 mai 1794 - 18 floréal An II, déclare : « Citoyens, ….. L'idée de l'Être suprême & de l'immortalité de l'âme est un rappel continuel à la justice ; elle est donc sociale & républicaine. »

2 Pierre MOLLIER : Note sur la thématique de la lumière dans la Franc-maçonnerie  française du XVIII° siècle. Extrait des Actes du Colloque Européen des 5 et 6 juillet 2003 sur Le symbolisme de la lumière au moyen-âge : de la Spéculation à la Réalité. Tiré à part  extrait du site de Pierre MOLLIER, Association des Amis du Centre Médiéval Européen de Chartres  Editeur.

3 Id, page 75

4 Pour faciliter la transcription des textes liés aux Anciens Devoirs, nous usons de l’édition électronique donnée par Guy CHASSAGNARD, dont le livre imprimé s‘intitule : Maçons opératifs et Maçons acceptés. Les Anciens Devoirs, Pascal GEALODE Editeur. Pour l’étude des A D, il échet de ne pas oublier les travaux de Patrick NEGRIER, principalement aux Ed.  Ivoire-Clair.

5 La fonction de l’expert dans les Rites Egyptiens planche donnée en son temps par un Frère de l’Ordre de Lyon : http://www.esoblogs.net/1246/la-fonction-d-expert-dans-les-rites-egyptiens/

6 Un recueil des principaux travaux de l’Ordre est en préparation.

7 CAGLIOSTRO Rituel  de la Haute Maçonnerie Egyptienne Bibliothèque de Lyon, Ms 8871, page 13 de notre adaptation Word.
 Il convient de se reporter à la revue L’Esprit des choses, où Robert AMADOU publiait le manuscrit.

8 id.

9 id, page 23

10 id, page 4