Un espace de paix religieuse et de dialogue interconfessionnel dans l’Europe du XVIIIe siècle
Pierre-Yves Beaurepaire
N°17-18–2006, Religions et modernités
II. Autour du débat
Résumé
Dans cette contribution,
l’auteur montre comment la Franc-maçonnerie de l’Europe des XVII et XVIIIe
siècles aura participé – jusqu’à un certain point
seulement – d’une certaine modernité, en faisant de ses Loges des
espaces « laboratoires » de l’œcuménisme et du cosmopolitisme, en
injectant de l’universel dans des temps où les dissensions demeuraient fortes
entre les confessions – des circonstances qui auront tôt fait de ruiner les
premiers espoirs nourris dans une solidarité maçonnique supra-confessionnelle,
qui ne viendra que plus tard.
Texte intégral
1 La Franc-maçonnerie spéculative naît et s’épanouit en
Europe dans le contexte de La crise de la conscience européenne des
années 1680-1715 étudiée par Paul
Hazard dans un ouvrage qui fit date1.
Ses mythes et récits de fondation mettent l’accent sur la nécessité de rouvrir
le chantier de Babel et d’en faire le symbole de l’harmonie retrouvée entre les
hommes. La perte du sens, la parole perdue, l’impossibilité de communiquer donc
d’échanger et de transmettre son savoir, voilà les hantises des frères. La
légende d’Hiram, les quêtes mythiques en Égypte et en Chine des vestiges de
l’Art Royal, mais aussi l’archéologie de la mémoire maçonnique à laquelle se
livrent les francs-maçons antiquarians de la Grande Loge de Londres
dès les premières décennies du siècle, l’attestent. Le temple du Grand
Architecte de l’Univers, c’est Babel, mais une Babel redressée. Alors que l’hybris
des hommes avait précipité sa chute, divisé les ouvriers, désormais incapables
de communiquer entre eux et de s’accorder, les ouvriers de l’Art Royal veulent
élever une nouvelle Babel, temple de la concorde et de l’harmonie, où la
communication entre les ouvriers sera restaurée, par la pratique d’une
véritable koinè, cette langue des signes et attouchements maçonniques
– le « langage universel » qu’évoque l’abbé Prévost dès l’été
1737 – qui permet à deux francs-maçons de se reconnaître comme frères.
2 Dans cette Europe en cours de sécularisation – le
processus est lent et non-linéaire – mais encore traumatisée par les
affrontements confessionnels des deux siècles précédents, le projet prend un
relief tout particulier. Les milieux qui dominent la Grande Loge lors de la
rédaction des Constitutions de 1723 sont très liés à la Royal
Society newtonienne et aux latitudinaires favorables à l’ouverture en
direction des « dissidents » protestants qui ont participé à la lutte
contre Jacques II Stuart et les partisans d’une monarchie absolue papiste.
Comme l’a écrit Jérôme Rousse-Lacordaire, « il n’y avait pas en Angleterre
un unique protestantisme, mais des protestantismes traversés par un courant de
fond : la New ou Experimental Philosophy »2.
Rappelons que le coordonnateur de la rédaction des Constitutions, le
pasteur James Anderson qui appartenait à l’Église établie en Écosse, la
puissante Kirk presbytérienne, était un dissident en Angleterre où
l’Église anglicane était l’Église établie. Les mêmes Constitutions ont
été inspirées par Jean-Théophile Désaguliers, pasteur anglican d’origine
huguenote -sa famille est de La Rochelle-, troisième Grand Maître de la Grande
Loge de Londres, et chef de file du newtonianisme. Une fois exclus, les athées,
les antitrinitaires – hérétiques par excellence –, les
libertins – au sens de déistes –, et bien évidemment les
catholiques, les temples maçonniques pouvaient permettre aux dissidents de
participer à la vie sociale et de faire se rencontrer des hommes qui
« sans cela seraient restés à perpétuelle distance ». Les Constitutions
traduisent l’influence du latitudinarisme.
« (Article premier des Obligations).
Concernant Dieu et la Religion.
Un maçon est, par son
engagement, tenu d’obéir à la loi morale ; et s’il comprend correctement
l’Art (royal), il ne sera jamais ni Athée stupide ni Libertin irréligieux. Mais
bien que les maçons des anciens temps fussent obligés d’être en chaque pays de
la religion de ce pays ou de cette nation, quelle qu’elle fût, on juge plus
commode aujourd’hui de les contraindre à cette religion dont tous les hommes
conviennent, laissant à chacun ses propres opinions ; c’est-à-dire, être
hommes de bien et sincères, ou hommes d’honneur et de probité, quelles que
soient les dénominations ou les croyances qui les puissent distinguer ;
ainsi la Maçonnerie devient le Centre de l’union, et le moyen de nouer une
amitié fidèle parmi des personnes qui seraient restées à une perpétuelle
distance ».
3 Les latitudinaires s’attachent plus à l’Écriture comme
mode de vie que comme corpus dogmatique et normatif ; ils estiment que
l’accord sur l’essentiel autorise le désaccord sur l’accessoire, et voient dans
la raison, plus que dans l’Esprit, le premier interprète de l’Écriture. Nombre
des figures de proue du latitudinarisme étaient membres de la Royal Society.
D’autre part, les latitudinaires avaient vu leur soutien à la Glorieuse
Révolution récompensé par Guillaume III : Edward Stillingfleet devint
évêque de Worcester, John Tillotson archevêque de Canterbury, comme Thomas
Tennisson. Dans leurs sermons et leurs écrits, ils justifient leur tolérance à
l’encontre de ceux qu’on avait coutume d’appeler les non-conformistes. En 1686
déjà, John Tillotson écrit à William Penn : « Je me suis toujours
efforcé de maintenir comme principe de vie que je ne manquerai d’humanité ou de
charité envers qui professerait une opinion divergente de la mienne »3.
Le latitudinarisme autorise donc un rapprochement entre les différents
protestantismes, par-delà le rigorisme presbytérien, d’essence calviniste, et
le formalisme anglican, qui émane clairement de sa proximité formelle avec le
catholicisme. Seuls les unitariens, qui rejetaient le dogme de la Sainte
Trinité, étaient clairement stigmatisés comme hérétiques. D’ailleurs, en 1733,
James Anderson les condamnera sans appel dans Unity in Trinity and Trinity
in Unity. Being a Dissertation against Idolatrers, Modern Jews and
Antitrinitarians. Il y a donc de « bons » et de
« mauvais » dissidents. L’influence du latitudinarisme et de ses
représentants dans la Royal Society est donc essentielle pour
comprendre l’esprit qui préside à la rédaction des Constitutions de la
Grande Loge.
4 Mais le latitudinarisme ne postule pas l’indifférence
à la différence religieuse, ce qui serait totalement anachronique. Newton est
hostile à toute tolérance envers les catholiques. Peut-on dès lors voir dans
l’article premier des Obligations, qui font suite dans les Constitutions
à la partie consacrée à l’histoire de l’Ordre, une profession de foi déiste
comme le fait l’historienne américaine Margaret C. Jacob ? Cela paraît
douteux à beaucoup. Le déisme extrémiste d’un John Toland ne pouvait que
choquer les fondateurs de la Grande Loge. Le primat de la raison est affirmé,
de même que l’accord sur des principes fondamentaux qui permettent de
transcender les divergences, et la liberté de conscience. Anderson répond ainsi
opportunément au désir de nombreux Écossais de s’intégrer au Royaume-Uni
naissant, l’Acte d’union date de 1707. Les références des Old Charges
(les Anciens Devoirs qui organisaient la Maçonnerie opérative) aux
orthodoxies catholiques (les saints), pour la période antérieure au schisme
anglican, puis anglicane (l’Église au sens de la High Church des
épiscopaliens) ont disparu. La « religion catholique » à laquelle se
réfère Anderson désigne bien, au sens étymologique, la religion universelle.
L’influence de la Royal Society est ici encore incontestable :
« (Il faut) accueillir
librement des hommes de religion, pays et professions de vie différents (…).
Parce qu’ils professent ouvertement, non de vouloir la fondation d’une
philosophie anglaise, écossaise, irlandaise, papiste ou protestante, mais d’une
philosophie de l’humanité »4.
5 Il ne s’agit pas de réveiller les douloureux
traumatismes religieux qu’un Désaguliers, d’origine rochelaise et huguenote, a
personnellement vécus. Pour autant, l’identification de cette religion
universelle au christianisme dans l’esprit des promoteurs et du rédacteur des
Constitutions ne fait guère de doute. D’ailleurs, les ecclésiastiques
protestants sont relativement nombreux sur les colonnes des loges :
quarante et un ont pu être identifiés de manière certaine en 1730 sur le
registre des membres de la Grande Loge ; cent quarante en 1790, alors que
les registres sont incomplets. Aucun des milliers de sermons conservés à la
bibliothèque de Lambeth Palace ne stigmatise la Franc-maçonnerie. Il est vrai
que les francs-maçons anglais, et parmi eux les ecclésiastiques francs-maçons,
sont des partisans inconditionnels de l’Alliance entre l’Église et l’État,
œuvre de William Wartbuton parue en 1736. Le Révérend Caleb Fleming n’écrit-il
pas dans son commentaire de l’Alliance entre l’Église et l’État :
« Si la Franc-maçonnerie
reconnaît la suprématie de l’État, du roi et des magistrats, le fondement
essentiel de cette alliance est que l’Église doit employer son influence
dominante au service de l’État, et que pour sa part l’État soutienne et protège
l’Église » ? Et lors d’un sermon à Lincolns Inn, le Dr Downs,
franc-maçon et doyen de Saint-Paul, soutient que « le franc-maçon doit
être fidèle aux obligations chrétiennes, il doit célébrer la sainte communion
dans un amour fraternel (…). L’Église du Christ est une communauté de
maçons spirituels »5.
6 La République universelle des francs-maçons ne s’est
pas encore dégagée du corps des utopies chrétiennes, elle en produira jusqu’au
XIXe siècle, qui visent à recréer la concorde entre chrétiens, à
gommer les divisions que la confessionnalisation de l’Europe a fait naître, en
offrant le prototype de la cité chrétienne pacifiée.
7 On remarque que, dès l’origine, la Grande Loge ne
limite pas la tolérance religieuse aux seuls protestants. Les catholiques ne
sont pas exclus, alors que le contexte profane leur est très peu
favorable ; plusieurs révoltes, l’interdiction d’accéder à toute charge
publique en témoignent. Il faut même souligner la largesse de vue de la Grande
Loge, qui se dote, en 1729, d’un Grand Maître catholique en la personne de Lord
Thomas Howard, duc de Norfolk. D’autre part, le cosmos maçonnique n’est pas
strictement identifié au cosmos chrétien. Le premier Grand Chapelain de la
Grande Loge d’Angleterre, William Dodd, ministre de l’Église anglicane,
chapelain du roi George III, estime que si les principes moraux de la
Franc-maçonnerie paraissent mieux adaptés aux valeurs du christianisme qu’à
celles de n’importe quelle autre religion, en réalité, ils ne sont ni
exclusivement juifs ou chrétiens.
8 Dans le contexte de l’époque, la proposition d’opter
pour le plus petit dénominateur religieux ou spirituel commun, le Grand
Architecte de l’Univers, apparaît donc d’une éclatante modernité. Les
défenseurs des Églises établies et les détracteurs de la Franc-maçonnerie ne
s’y sont pas trompés. Figure de l’épiscopat français, l’évêque de Marseille,
Mgr de Belzunce condamne sans appel les conventicules maçonniques dans un
mandement de 1742. Il stigmatise des « assemblées où sont indifféremment reçus
gens de toute nation, de toute religion et de tout État. Et parmi lesquels
ensuite une union intime qui se démontre en faveur de tout inconnu et de tout
étranger dès lors que, par quelque signe concerté, il a fait connaître qu’il
est membre de cette mystérieuse société »6.
Les deux bulles d’excommunication pontificales du XVIIIe siècle ne
sont donc pas seules en cause. Des francs-maçons protestants sont en outre
directement victimes de l’Inquisition. On pense notamment au lapidaire John
Coustos, fondateur de loge à Londres, Paris, ou encore Lisbonne, qui fait
figure de véritable martyr de l’Ordre. Son récit publié en 1746, The
sufferings of John Coustos, for free-masonry, and for his refusing to turn
Roman Catholic, in the inquisition at Lisbon ; where he was sentenc’d,
during four years, to the galley ; and afterwards releas’d…, connaît
une large diffusion, bien au-delà des milieux maçonniques.
9 Mais les persécutions et interdictions de toutes
sortes – civiles et religieuses, catholiques et protestantes
– ne font que renforcer la curiosité et l’intérêt des contemporains pour
la Franc-maçonnerie. Si elle émerge du champ de la sociabilité confraternelle
d’Ancien Régime et conserve ses saints patrons, des liens étroits avec les
confréries – celles des Pénitents notamment –, elle s’inscrit
dans un espace social et public en cours d’autonomisation. La démarche qui
conduit l’impétrant à solliciter son adhésion est volontaire et individuelle,
en rupture avec l’organisation de la société en corps et communautés. La
référence au Grand Architecte de l’Univers – les francs-maçons
travaillent sous ses auspices et à sa gloire – est particulièrement
souple et permet toute une gamme d’interprétations, même si en réalité la
plupart des francs-maçons du XVIIIe siècle identifient le Grand
Architecte de l’Univers au dieu des chrétiens.
10 Il n’empêche, les conditions d’un dialogue entre les
confessions chrétiennes sont permises dès la première moitié du XVIIIe
siècle. En cela la Franc-maçonnerie répond aux attentes d’une partie des élites
européennes et fait du temple un laboratoire. L’enjeu est d’autant plus
important qu’on a trop tendance à oublier que si les Lumières françaises sont
majoritairement déistes, elles sont le plus souvent chrétiennes à l’échelle de
l’Europe. L’essor des hauts grades maçonniques d’essence chrétienne et
chevaleresque à partir du mitan du siècle accentue le caractère chrétien de
cette Europe maçonnique et crée du coup des espaces de dialogue
interconfessionnel. On peut dans ces conditions s’intéresser aux relations qui
s’établissent au sein de ce cosmos chrétien entre francs-maçons catholiques et
protestants.
11 Force est de constater en premier lieu que les efforts
de neutralisation de la sphère maçonnique sont manifestes, ce qu’atteste un
franc-maçon interrogé par le tribunal de l’Inquisition de Lisbonne :
« Il était défendu de parler de religion car il y avait des catholiques et
des hérétiques ; on évitait donc toute discussion qui aurait pu altérer la
bonne entente »7.
Éviter toute provocation, c’est entreprendre le difficile apprentissage de la
différence et de son respect, sans pour autant renoncer à ses propres valeurs.
Non seulement ouvrir le temple à tous les chrétiens, mais ne pas blesser les
uns et les autres par une manifestation maladroite de sa foi qui puisse être
mal interprétée, tels sont les sentiments qui président également en décembre
1774 à la rédaction par l’Aimable Concorde, orient8
de Rochefort, de son nouveau règlement intérieur :
- 7 José
Antonio Ferrer-Benimeli s. j., Les archives (...)
- 8 Le
terme désigne la ville où est implantée une loge.
« Art. 4 : il n’est
pas essentiel que cette fête (la Saint-Jean Baptiste, fête de l’Ordre) soit
célébrée le jour même […] Tous les membres de la loge étant convoqués trois
jours à l’avance se rendront à l’église indiquée pour assister à une Haute
Messe qui sera chantée en musique s’il se peut. Les F[rères]
Protestants et autres ne seront point tenus d’y être »9.
12 Nous avons affaire ici à une loge représentative du
conformisme social et politique des loges françaises de l’Ancien Régime. On
notera qu’elle voue à la malédiction, au bannissement et à l’oubli tout membre
coupable de félonie et de trahison à l’égard du prince ; en revanche, elle
manifeste clairement sa volonté, y compris en s’adressant à l’obédience, de
maintenir la concorde entre francs-maçons chrétiens. Les dissensions du monde
profane doivent être contenues hors du temple. Ce faisant, la loge refuse de
céder aux pressions qu’exercent localement les représentants des autorités
politiques et religieuses. En effet, les protestants de Saintonge et d’Aunis
sont en butte à la fin de l’Ancien Régime à l’hostilité de l’évêque de La
Rochelle, Mgr de Crussol d’Uzès, qui, par un mandement épiscopal du 26 février 17 88,
dénonce l’Édit de Tolérance – édit royal de 1787 – comme
une « loi qui semble confondre et associer toutes les religions et toutes
les sectes, [qui] est une suite des nouveaux principes politiques humains qui
sont aujourd’hui si communs suivant lesquels la population et le commerce font
seuls la gloire et la prospérité des empires ». Pour sa part, l’intendant
de Guyenne se montre défavorable à l’anoblissement par le roi du puissant
négociant et célèbre franc-maçon de La Rochelle, Jean-Baptiste Nairac, en
raison de sa foi réformée.
13 En terre protestante également, les francs-maçons
doivent aussi se justifier auprès de leurs Églises. Dans ces conditions,
certains frères de la Stricte Observance Templière, système ou régime
maçonnique qui unit protestants et catholiques dans une conception résolument
chrétienne et chevaleresque de l’Art Royal10,
ont cherché à faire du temple un laboratoire où catholiques et protestants
prépareraient ensemble la « réunion des sectes chrétiennes ». Joseph
de Maistre l’affirme dans son Mémoire au duc de Brunswick en 1782 :
les francs-maçons ne doivent pas perdre l’occasion de sublimer leur Ordre
cosmopolite en un Ordre œcuménique, travaillant à la gloire du Grand Architecte
de l’Univers. On saisit par là combien son projet de République universelle, de
passeport maçonnique universel se distingue du chaos d’une « République
universelle (avec) une liberté absolue des consciences11 »
que stigmatise Nicolas Bergasse, intime de Madame de Krüdener, et on comprend
mieux pourquoi l’Europe chrétienne de la Stricte Observance Templière a inspiré
les fondateurs de la Sainte-Alliance.
- 10 Le
terme désigne traditionnellement la géométrie et (...)
- 11 Jean-Denis
Bergasse, D’un rêve de réformation à une (...)
14 Pour Joseph de Maistre, les sensibilités sont moins
exacerbées, et l’indifférence religieuse croissante a au moins permis de
désamorcer les tensions nées de la Réformation. Des tentatives de
rapprochement, autrefois vouées à l’échec, sont donc envisageables12:
« Dans cet état de
choses, ne serait-il pas digne de nous, Monseigneur, de nous proposer
l’avancement du christianisme, comme un des buts de notre ordre ? Ce
projet aurait deux parties, car il faut que chaque communion travaille sur elle
même et travaille à se rapprocher des autres […] Le moment est encore plus
favorable, car les systèmes empoisonnés de notre siècle ont au moins produit
cela de bon que les esprits, à peu près indifférents sur la controverse,
peuvent se rapprocher sans se heurter. Il faut être de nos jours versé dans
l’histoire pour savoir ce que c’est que l’Antéchrist, et la
prostituée de Babylone. Les théologiens ne dissertent plus sur les
cornes de la Bête. Toutes ces injures apocalyptiques seraient mal reçues
aujourd’hui : chaque chose porte son nom. Rome même s’appelle Rome,
et le pape, Pie VII »13.
15 Joseph de Maistre propose de travailler discrètement,
sereinement, à la réunion des Églises chrétiennes dans le retrait des temples
maçonniques. Car « jamais cette réunion n’aura lieu, tant qu’elle se
traitera publiquement »14.
Les frères doivent aplanir, sans éclat, progressivement, les différends qui
minent les Chrétiens.
« Il faut [donc] établir
des comités de correspondance composés surtout des prêtres des différentes
communions que nous aurons agrégés et initiés : nous travaillerons
lentement mais sûrement. Nous n’entreprendrons aucune conquête qui ne soit
propre à perfectionner le grand œuvre. Il faudrait bien se garder de
mettre le feu à la mine avant d’être sûrs de l’effet ; et comme, suivant
l’expression énergique d’un ancien père, l’univers fut autrefois surpris de se
trouver arien, il faudrait que les chrétiens modernes se trouvassent surpris de
se voir réunis »15.
16 En affirmant que l’Ordre maçonnique est prédisposé par
sa nature cosmopolite et chrétienne à prendre en charge la réunion des Églises
chrétiennes, à s’investir dans le projet œcuménique qui s’affirme depuis la fin
du XVIIe siècle16,
l’auteur du Mémoire au duc de Brunswick fait écho aux discours de
plusieurs francs-maçons protestants de premier plan, parmi eux
Frédéric-Rodolphe Saltzmann correspondant assidu de Jean-Baptiste
Willermoz – négociant lyonnais et figure européenne de la
Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle –, et médiateur culturel
entre la France et l’Allemagne. De cette position de contact, il peut, en
relation avec ses frères Jean et Bernard-Frédéric de Türckheim prendre
conscience des enjeux d’un œcuménisme maçonnique et chrétien et des menaces
qu’une rupture entre catholiques et protestants ferait courir à leur Ordre.
« C’est le cœur plein de tristesse – écrit Saltzmann, fils de
pasteur – que nous avons considéré longuement les scissions qui
existent entre les différentes parties de l’Église chrétienne universelle... l’humanité
entière devrait s’unir pour écarter les obstacles qui empêchent une
réconciliation »17.
De son côté, Bernard-Frédéric de Türckheim, futur président du Consistoire
général de l’Église de la Confession d’Augsbourg, appelait catholiques,
calvinistes et luthériens à dépasser les affrontements confessionnels, pour se
retrouver dans la foi du Christ : « Mon cœur ne connut point de
différence de confession : je fus persuadé que là où l’on adore le
Seigneur J. Christ, il n’y a pas d’idolâtrie, que les formes extérieures des
confessions sont des instituts des hommes, plus ou moins rapprochés du but
essentiel ». Et d’adresser au Grand Maître de la Stricte Observance une vibrante
profession de foi universaliste : « N’ayant jamais étudié les Dogmes
religieux, ne connaissant pas même la source de la Division des humains, j’eus
une tolérance maçonnique universelle, des principes religieux très universels »18.
Pour ces Strasbourgeois, membres de loges qui voyaient affluer à chaque
assemblée – ou tenue – de nombreux étrangers, venus
d’Angleterre, d’Allemagne, de Pologne, de Russie, de Suède et des provinces
baltes, le cosmopolitisme maçonnique était une réalité tangible.
- 16 Anne-Louise
Salomon, Frédéric-Rodolphe Saltzmann (...)
- 17 Ibid.,
p. 45.
- 18 Archives
privées, Fonds de Türckheim, lettre de (...)
17 De son côté, le diplomate français, de noblesse
catholique, Marie-Daniel Bourrée de Corberon, qui confie à Charlotte Behmer, sa
future épouse allemande et protestante : « tu connais mon opinion sur
les différences ridicules qui séparent nos églises »19,
espère beaucoup de la diffusion des idées de Swedenborg :
« D’un côté il ôte au
Protestantisme son insuffisance de culte, de cérémonies, de croyance
même ; au Catholicisme le despotisme des prêtres, le despotisme d’une foi
aveugle, etc., etc. Et il résulte de sa refonte des trois confessions un composé
sublime de bonté et de justice, de mystère et de lois, de merveilles et de
raison dont le tout ensemble fait désirer au Chrétien Philosophe que
Swendenborg ait raison, et que sa révélation ne soit pas mensongère »20.
18 Le dialogue entamé entre les francs-maçons catholiques
et protestants implique donc la plupart des grandes figures de la
Franc-maçonnerie templière. Il s’est cependant rapidement soldé par un échec,
car si le lien maçonnique, par sa nature initiatique, permet d’ouvrir dans le
temple un espace de concorde et d’amour fraternels, en revanche, il peine hors
du temple, dès lors que chacun a retrouvé ses
« métaux » – le terme désigne les préjugés profanes –,
à transcender les antagonismes politiques, sociaux et confessionnels. De fait,
le dialogue annoncé s’est fréquemment mué en controverse, y compris chez ses
plus chauds partisans. Joseph de Maistre n’écrit-il pas dans le Mémoire au
duc de Brunswick, quelques lignes après avoir prôné la réunion des
chrétiens dans les loges, et fixé comme but au convent de Wilhelmsbad d’établir
« le règne de Christ par l’union des Églises » : « Il n’est
pas douteux que l’ouvrage devrait commencer par les catholiques et les
luthériens d’Augsbourg, dont les symboles ne diffèrent pas prodigieusement.
Quant, aux calvinistes, s’ils sont de bonne foi, ils doivent convenir qu’ils
ont étrangement défiguré le christianisme. Ainsi, c’est à eux de nous faire des
sacrifices » ?21
Lorsqu’il propose d’organiser le corps maçonnique européen en s’inspirant du
fonctionnement de l’Église catholique, la maladresse de Joseph de Maistre
confine à la provocation.
19 En fait, de part et d’autre, on est encore bien loin
de la tolérance et du respect de la différence. La sérénité des discussions est
perturbée par les retombées de la crise du cryptocatholicisme. L’atmosphère
devient même parfois rapidement délétère. Friedrich Tieman s’en fait l’écho
dans la correspondance échangée avec le maître lyonnais Jean-Baptiste
Willermoz : « J’ai trouvé dans mon dernier voyage, l’Allemagne dans
une crise violente […] Trois ou quatre ouvrages publiés cette année, et des
frères fort instruits dans cette partie m’ont appris que les jésuites jouent un
rôle inouï et inconcevable dans la maçonnerie […] que leur doctrine a passé aux
princes Frères a Victoria (Ferdinand de Brunswick-Lunebourg-Wolfenbüttel),
a Leone Resurgente (Charles de Hesse-Cassel), au Roi de Prusse etc. et
que tous ceux là sont catholiques et jésuites dans le cœur […] Ces bruits
répandus par toute l’Allemagne, ont suspendu le plus grand nombre des Loges.
Toutes se réunissent pour s’opposer au progrès du jésuitisme, toutes crient à
l’alarme »22.
Véhiculée par les Lumières radicales, Friedrich Nicolai et Johann Joachim
Christoph Bode en tête, la psychose du complot jésuitique visant à s’emparer
des loges et de leurs réseaux ébranle la Franc-maçonnerie allemande et
scandinave et au-delà l’ensemble des francs-maçons protestants. La presse
maçonnique se fait l’écho de rumeurs de conversion parmi les princes
protestants et dignitaires maçonniques. Le célèbre Freymaurer-Zeitung
de Neuwied rapporte à propos du roi de Suède que « la rumeur selon
laquelle le roi de Suède se serait converti au catholicisme ne cesse de
s’amplifier. Un certain journal assure que les protestants en seraient les
instigateurs parce qu’ils auraient été jaloux de ce que le roi aurait assisté à
une messe dite par l’abbé Vogler ».
20 Il ne faut pas surestimer la réussite du projet
maçonnique. En effet, les préjugés, a priori profanes, ne restent pas
aux portes du temple. Il n’est pas facile de se déprendre de décennies de
suspicion à l’égard de l’autre. Les Illuminés d’Avignon attirent alors des
protestants venus de toute l’Europe, et notamment de Suède, d’Angleterre et de
Prusse. Or, le bruit se répand qu’une conversion préalable au catholicisme est
obligatoire pour être admis dans le cercle théurgique de l’abbé Pernéty23.
Bientôt une véritable paranoïa s’installe. Un échange de lettres entre le
médecin piémontais Sébastien Giraud, intime de Jean-Baptiste Willermoz, et son
ami strasbourgeois Bernard-Frédéric de Türckheim en est l’illustration.
« Que je vous apprenne
-écrit de Turin, Sébastien Giraud le 5 février 17 84 – une singulière
nouvelle qui vous fera rire ! Avant la mort du Prétendant
[Stuart – en qui certains voyaient le Supérieur inconnu des
francs-maçons et l’héritier du Temple]: le roi de Suède est allé le voir, a eu
plusieurs conférences avec lui, & enfin lui a demandé pour la somme de
Mille louis d’or la résignation de sa place de Grand Maître de l’O[rdre] des
T[empliers] que celui-ci lui a résigné de très grand cœur comme vous
imaginez ; & en conséquence il lui a donné une Patente, dont la Suède
va se prévaloir ».
21 Bernard-Frédéric de Türckheim prit pour sa part
l’affaire très au sérieux, et répondit à Sébastien Giraud sur un ton qui
témoigne de sa réceptivité aux rumeurs de conversion :
« Meiningen le 15 mai 17 84.
D’après des nouvelles de Rome,
trouvées à Gotha, le roi de Suède n’aurait non seulement acheté les Droits
prétendus ou imaginaires du Prince Stuart sur la Grande Maîtrise Générale de
l’Ordre, mais le roi se serait lui même fait Catholique Romain, & aurait
fait réhabiliter par le Pape l’ancien O[rdre] du T[emple] dont les officiers à
la suite du roi portaient, à ce qu’on dit, la petite croix rouge tout
ouvertement sur l’habit & donc on ferait entrer encore la Croix par la
suite dans le Grand Ordre de Suède connu sous le nom de Séraphins ».
22 Dans ce contexte, il est facile de croire que
Jean-Baptiste Willermoz et ses Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte ont
pris la tête d’un complot papiste. La conversion au catholicisme des frères Bacon
de la Chevalerie et d’Hauterive, sous l’impulsion de Willermoz, en apporte la
preuve supplémentaire. Par ailleurs, les nombreuses maladresses de Willermoz,
qui affiche sans retenue sa foi catholique, sont ressenties comme autant de
provocations. Ainsi, lors de son admission dans l’Ordre des Chevaliers
Bienfaisants de la Cité Sainte, Bernard-Frédéric de Türckheim sursaute en
entendant l’« Agent inconnu »24
rappeler le dogme de « l’infaillibilité de l’Église officielle », et
s’émeut lorsque le même Agent inconnu en appelle à la « défense de la
religion par l’Épée ». Triste et amer, Türckheim demande des explications
à Willermoz :
« J’ai gémi davantage Mon
Ami lorsque vous m’avez dit, que vous n’aviez pu répondre à la note de la Ve
province [de Bourgogne, dont Strasbourg est le chef-lieu dans la géographie
templière] sur la défense de la religion par l’Épée, tandis qu’il n’existait
qu’Une religion de Jésus-Christ ». Deux mois plus tard, il revient à la
charge : « je m’élève contre l’Épée donnée à l’apprenti maçon pour la
défense de la religion sur les Ordres du souverain [...] que tous les Chrétiens
non Romains abhorrent ».
23 Loin d’être rassuré, Bernard-Frédéric de Türckheim
comprend que toute perspective de rapprochement s’est évanouie. De part et
d’autre, les vieux démons ont resurgi, ainsi que des accusations vieilles de
plusieurs siècles. Türckheim écrit en ces termes à Willermoz :
« Je vois mon Cher Ami
qu’il se conserve un Esprit parmi vous qui n’est pas entièrement dégagé des
restes du XIIIe siècle, et que cette charité douce et tendre, cette
instruction universelle des hommes est subordonnée à des considérations
particulières qui feront ou bien échouer les desseins les plus chers à
l’humanité, ou amèneront les chrétiens contre leurs frères ».
24 La réponse du frère lyonnais, d’une grande virulence,
met fin à tout espoir. Le conflit entre l’identité religieuse et l’identité
maçonnique est patent ; l’antagonisme religieux et l’incompré-hension de
l’autre ont pris le pas sur la tolérance et la fraternité maçonnique. Après
avoir souligné le courage des francs-maçons protestants qui se sont convertis
au catholicisme à l’incitation de l’« Agent inconnu », Willermoz
lance en direction de Bernard-Frédéric de Türckheim que
« le prétendu zèle des
Réformateurs n’avait de mobiles que leur orgueil et leurs passions et [...]
[que] les souverains qui soutinrent leur zèle l’épée à la main, n’avaient quant
aux plus grand nombre d’autres persuasions que celles que leur dictaient leur
politique, la haine et d’autres passions ». Et d’ajouter : « Une
séparation fondée sur des passions et sur l’anéantissement des dogmes les plus
essentiels n’a pu produire un culte vrai et pur »25.
25 Hier comme aujourd’hui le chemin du dialogue
œcuménique est pavé de bonnes intentions tout comme il est parsemé de
chausse-trappes.
26 En outre, les francs-maçons peinent à élargir le champ
du dialogue œcuménique aux non-chrétiens… Gotthold Ephraïm Lessing, figure de
l’Aufklärung allemande, met le doigt dans ses Dialogues pour des
francs-maçons sur cette identification du cosmos maçonnique à la Respublica
christiana pour la regretter.
« — Ernst :
Elle [la tolérance] existerait encore ? si elle n’avait jamais existé !
Fais venir un Juif éclairé et fais lui faire sa demande ! « Oui », dit-on, « un
Juif ? » Le franc-maçon doit être chrétien. Peu importe quelle
sorte de chrétien. Sans différence de religion ne veut dire que sans différence
entre les trois religions officiellement tolérées dans le Saint Empire Romain.
Es-tu de cet avis ?
— Falk : Moi,
certainement pas ».26
27 Les Juifs cristallisent l’opposition à une ouverture
du temple aux non-chrétiens. L’exemple de Saint-Esprit-lès-Bayonne, véritable
« niche juridique » (Anne Zink) est particulièrement révélateur
puisque les Juifs y sont considérés non comme Juifs mais comme Portugais. Au
terme d’une crise douloureuse qui se noue autour de l’élévation de
francs-maçons juifs, co-fondateurs de la loge bayonnaise de la Zélée,
à des hauts grades d’essence chevaleresque et chrétienne, notamment celui de
Souverain Prince de Rose Croix, une majorité de frères chrétiens fait
sécession, faute d’avoir pu expulser les juifs de la chaîne d’union. Elle fonde
l’Amitié et justifie en ces termes l’exclusion des juifs de la
Fraternité maçonnique :
« Cette admission [de
membres juifs] empêcha nombre de frères respectables par leurs qualités civiles
et maçonniques de se présenter pour se faire affilier…. Nous savons tous que
l’homme est l’égal de l’homme, qu’une des plus belles vertus du vrai maçon est
de rappeler cette vérité ; mais nous savons aussi que la douceur, l’honnêteté,
la politesse doivent former la base de la société, si on veut y trouver de
l’agrément ».
28 C’est bien le maintien dans le cercle sélectif de la
culture légitime, dont les normes d’inclusion et d’exclusion sont fixées par le
royaume de la civilité et du goût, qui est en jeu ici. Et après être arrivés à
leurs fins, ils concluent non sans satisfaction :
« Les membres qui
s’opposaient à notre union et à notre prospérité ne sont plus à même de nous
nuire ; nous avons goûté enfin le bien précieux d’être vraiment une
assemblée d’amis »27.
29 A Liège, plaque tournante du commerce du livre
clandestin dans l’Europe des Lumières, Pierre de Sicard, ancien consul de
France à Seyde, l’antique Sidon, centre des établissements français en Syrie
méridionale, fondateur de loges en Martinique, à la Guadeloupe et en Alsace
prend soin de préciser dans l’article VI des Règlements de la loge L’Union
des Cœurs, que le temple est interdit « aux Juifs, Mahométans et Goths et
autres qui ont la circoncision pour baptême – exemple révélateur
d’association entre altérité religieuse et altérité physique – »28.
30 La Franc-maçonnerie est donc non seulement un
laboratoire où les amis choisis apprennent à se reconnaître comme alter ego
et à s’apprécier comme frères. Elle est encore un observatoire des enjeux du
siècle des Lumières et des lignes de forces et de fracture qui la traversent.
Le cosmopolitisme mondain et aristocratique du XVIIIe siècle n’est
pas l’universalisme militant du XIXe siècle ; de même, le
processus de sécularisation des élites européennes n’empêche pas leur adhésion,
fût-elle seulement sociale, à la dimension chrétienne de l’Ordre maçonnique. Le
temps du combat pour une conception militante de la laïcité n’est pas encore
venu.
Notes
1 Paul
Hazard, La crise de la conscience européenne 1680-1715 ,
Paris, Boivin et Cie, 1935, éd. 1994, Le Livre de Poche.
2 Jérôme
Lousse-Lacordaire, Rome et les francs-maçons, histoire d’un conflit,
Paris, Berg international éditeurs, Pensée politique et sciences sociales,
1996, pp. 36-37.
3 John Tillotson, Letters
to William Penn. Passages from the life and writings of William Penn,
Philadelphia, 1882, pp. 311-312, cité par Donald Challen, The Church,
Radicalism and the rise of Freemasonry in Eighteenth century England,
essai dactylographié, s. l., 1996, p. 4 ; traduit par nos soins.
4 Thomas Sprat, History
of the Royal Society, cité par Jérôme Rousse-Lacordaire, Rome et les
francs-maçons, histoire d’un conflit, op. cit., p. 40, d’après
Michael Heyd, « Be sober and reasonnable ». The Critique of
Enthusiasm in the Seventeenth and the Early Eighteenth Centuries,
Leiden : E. J. Brill, Brill’s studies in intellectual history, 63, 1995,
p. 153.
5 Sermons Preched at
Incolns Inn 1737, Londres 1737, cité par Donald Challen, The Church,
Radicalism and the rise of Freemasonry…, op. cit., p. 12.
6 Bibliothèque
municipale de Carpentras, mss 891, f° 68-70, mandement épiscopal du 14 janvier 17 42.
7 José
Antonio Ferrer-Benimeli s. j., Les archives secrètes du Vatican et de la
Franc-maçonnerie, Histoire d’une condamnation pontificale, préface de
Michel Riquet s. j., traduit de l’espagnol par G. Brossard, Paris, Dery-Livres,
1989, p. 167.
8 Le
terme désigne la ville où est implantée une loge.
9 Chapitre
Premier. Statuts et Règlements Généraux de la Maçonnerie, l’Aimable Concorde,
orient de Rochefort, publiés par Francis Masgnaud, Franc-Maçonnerie et
Francs-Maçons en Aunis et Saintonge sous l’Ancien Régime et la Révolution,
préface de Jean Glénisson, La Rochelle, Rumeur des Âges, 1989, p. 84.
10 Le
terme désigne traditionnellement la géométrie et par extension la
Franc-maçonnerie.
11 Jean-Denis
Bergasse, D’un rêve de réformation à une considération européenne. MM. les
députés Bergasse (XVIIIe-XIXe siècles), Cessenon,
chez l’auteur, 1990, p. 417.
12 On
notera que Joseph de Maistre se contredit, puisqu’il déplorait à la même époque
le véritable syndrome du cryptocatholicisme qui interdisait tout dialogue
inter-confessionnel serein en Allemagne.
13 Joseph
de Maistre, Mémoire au duc de Brunswick, Œuvres II, Écrits
maçonniques de Joseph de Maistre et de quelques-uns de ses amis françs-maçons,
éd. critique par Jean Robotton, Centre d’Etudes Franco-Italien, Universités de
Turin et de Savoie, Genève, Slatkine, 1983, p. 107.
14 Ibid.,
p. 108.
15 Ibid.,
p. 108.
16 Anne-Louise
Salomon, Frédéric-Rodolphe Saltzmann 1749-1820 ,
son rôle dans l’histoire de la pensée religieuse à Strasbourg, Paris,
Berger-Levrault, 1932, pp. 43-50, 53, 59, 61-64.
17 Ibid.,
p. 45.
18 Archives
privées, Fonds de Türckheim, lettre de Bernard-Frédéric de Türckheim au duc de
Brünswick, 26
février 17 87.
19 Médiathèque
Ceccano, Avignon, ms 3059, Journal de Marie-Daniel Bourrée de
Corberon, f° 98, mardi 3
avril 17 81.
20 Médiathèque
Ceccano, Avignon, ms 3060, Journal de Marie-Daniel Bourrée de
Corberon, copie d’une lettre de décembre 1785 adressée à M. de Vauvilliers.
21 Joseph
de Maistre, Mémoire au duc de Brunswick, op. cit., p. 108.
22 Bibliothèque
municipale de Lyon, fonds Willermoz, ms 5869, lettre de Tieman à Willermoz du 14 octobre 17 86.
23 Antoine
Faivre note à ce sujet : « Les Illuminés d’Avignon, appelés aussi
“rois du nouvel Israël”, groupaient dès les années quatre-vingts un nombre
grandissant d’Avignonnais et d’étrangers. Des Anglais, des Suédois, changeaient
de foi pour obtenir le droit d’être reçus, ce qui tendrait à prouver que dans
cette secte, le catholicisme était obligatoire » [Antoine Faivre,
« Un familier des sociétés ésotériques au dix-huitième siècle :
Bourrée de Corberon », Revue des Sciences Humaines, avril-juin,
1967, repris dans Antoine Faivre, Mystiques, Théosophes et Illuminés au
siècle des Lumières, Studien und Materialen zur Geschichte der
Philosophie, Band 20, Hildesheim-New-York, Georg Olms, 1976, p. 166, note
110].
24 Marie-Louise
de Vallière, chanoinesse de Monspey.
25 Bibliothèque
municipale de Lyon, fonds Jean-Baptiste Willermoz, ms 5868.
26 Gotthold
Ephraïm Lessing, « Quatrième dialogue », Dialogues pour des francs-maçons,
trad. fr. (Le Mans, 1992, Le Borrego), p. 55.
27 Bibliothèque
Nationale de France, Cabinet des manuscrits, fonds maçonnique, FM2
159 bis, dossier de l’Amitié, orient de Bayonne, f°11 v°, 12 juillet 1783.
28 Cité
par Georges de Froidcourt, François-Charles, comte de Velbruck prince
évêque de Liège franc-maçon. Contribution à l’histoire du XVIIIe
siècle au pays de Liège, Liège, Protin-Vuidar, 1936, p. 78.
Pour citer cet article
Référence électronique
Pierre-Yves Beaurepaire, « Le temple maçonnique », Socio-Anthropologie,
N°17-18, Religions et modernités, 2006, [En ligne], mis en ligne le 16 janvier 2007 .
URL : http://socioanthropologie.revues.org/document466.html. Consulté
le 24 mars 2009 .
Auteur
Pierre-Yves Beaurepaire
Centre de la
Méditerranée Moderne et Contemporaine, Université de Nice Sophia-Antipolis