8/12/2011

Le temple maçonnique

Un espace de paix religieuse et de dialogue interconfessionnel dans l’Europe du XVIIIe siècle

Pierre-Yves Beaurepaire

Socio-Anthropologie
N°17-18–2006, Religions et modernités


II. Autour du débat

 Résumé

Dans cette contribution, l’auteur montre comment la Franc-maçonnerie de l’Europe des XVII et XVIIIe siècles aura participé – jusqu’à un certain point seulement – d’une certaine modernité, en faisant de ses Loges des espaces « laboratoires » de l’œcuménisme et du cosmopolitisme, en injectant de l’universel dans des temps où les dissensions demeuraient fortes entre les confessions – des circonstances qui auront tôt fait de ruiner les premiers espoirs nourris dans une solidarité maçonnique supra-confessionnelle, qui ne viendra que plus tard.

Texte intégral


La Franc-maçonnerie spéculative naît et s’épanouit en Europe dans le contexte de La crise de la conscience européenne des années 1680-1715 étudiée par Paul Hazard dans un ouvrage qui fit date1. Ses mythes et récits de fondation mettent l’accent sur la nécessité de rouvrir le chantier de Babel et d’en faire le symbole de l’harmonie retrouvée entre les hommes. La perte du sens, la parole perdue, l’impossibilité de communiquer donc d’échanger et de transmettre son savoir, voilà les hantises des frères. La légende d’Hiram, les quêtes mythiques en Égypte et en Chine des vestiges de l’Art Royal, mais aussi l’archéologie de la mémoire maçonnique à laquelle se livrent les francs-maçons antiquarians de la Grande Loge de Londres dès les premières décennies du siècle, l’attestent. Le temple du Grand Architecte de l’Univers, c’est Babel, mais une Babel redressée. Alors que l’hybris des hommes avait précipité sa chute, divisé les ouvriers, désormais incapables de communiquer entre eux et de s’accorder, les ouvriers de l’Art Royal veulent élever une nouvelle Babel, temple de la concorde et de l’harmonie, où la communication entre les ouvriers sera restaurée, par la pratique d’une véritable koinè, cette langue des signes et attouchements maçonniques – le « langage universel » qu’évoque l’abbé Prévost dès l’été 1737 – qui permet à deux francs-maçons de se reconnaître comme frères.


Dans cette Europe en cours de sécularisation – le processus est lent et non-linéaire – mais encore traumatisée par les affrontements confessionnels des deux siècles précédents, le projet prend un relief tout particulier. Les milieux qui dominent la Grande Loge lors de la rédaction des Constitutions de 1723 sont très liés à la Royal Society newtonienne et aux latitudinaires favorables à l’ouverture en direction des « dissidents » protestants qui ont participé à la lutte contre Jacques II Stuart et les partisans d’une monarchie absolue papiste. Comme l’a écrit Jérôme Rousse-Lacordaire, « il n’y avait pas en Angleterre un unique protestantisme, mais des protestantismes traversés par un courant de fond : la New ou Experimental Philosophy »2. Rappelons que le coordonnateur de la rédaction des Constitutions, le pasteur James Anderson qui appartenait à l’Église établie en Écosse, la puissante Kirk presbytérienne, était un dissident en Angleterre où l’Église anglicane était l’Église établie. Les mêmes Constitutions ont été inspirées par Jean-Théophile Désaguliers, pasteur anglican d’origine huguenote -sa famille est de La Rochelle-, troisième Grand Maître de la Grande Loge de Londres, et chef de file du newtonianisme. Une fois exclus, les athées, les antitrinitaires – hérétiques par excellence –, les libertins – au sens de déistes –, et bien évidemment les catholiques, les temples maçonniques pouvaient permettre aux dissidents de participer à la vie sociale et de faire se rencontrer des hommes qui « sans cela seraient restés à perpétuelle distance ». Les Constitutions traduisent l’influence du latitudinarisme.


« (Article premier des Obligations). Concernant Dieu et la Religion.

Un maçon est, par son engagement, tenu d’obéir à la loi morale ; et s’il comprend correctement l’Art (royal), il ne sera jamais ni Athée stupide ni Libertin irréligieux. Mais bien que les maçons des anciens temps fussent obligés d’être en chaque pays de la religion de ce pays ou de cette nation, quelle qu’elle fût, on juge plus commode aujourd’hui de les contraindre à cette religion dont tous les hommes conviennent, laissant à chacun ses propres opinions ; c’est-à-dire, être hommes de bien et sincères, ou hommes d’honneur et de probité, quelles que soient les dénominations ou les croyances qui les puissent distinguer ; ainsi la Maçonnerie devient le Centre de l’union, et le moyen de nouer une amitié fidèle parmi des personnes qui seraient restées à une perpétuelle distance ».

Les latitudinaires s’attachent plus à l’Écriture comme mode de vie que comme corpus dogmatique et normatif ; ils estiment que l’accord sur l’essentiel autorise le désaccord sur l’accessoire, et voient dans la raison, plus que dans l’Esprit, le premier interprète de l’Écriture. Nombre des figures de proue du latitudinarisme étaient membres de la Royal Society. D’autre part, les latitudinaires avaient vu leur soutien à la Glorieuse Révolution récompensé par Guillaume III : Edward Stillingfleet devint évêque de Worcester, John Tillotson archevêque de Canterbury, comme Thomas Tennisson. Dans leurs sermons et leurs écrits, ils justifient leur tolérance à l’encontre de ceux qu’on avait coutume d’appeler les non-conformistes. En 1686 déjà, John Tillotson écrit à William Penn : « Je me suis toujours efforcé de maintenir comme principe de vie que je ne manquerai d’humanité ou de charité envers qui professerait une opinion divergente de la mienne »3. Le latitudinarisme autorise donc un rapprochement entre les différents protestantismes, par-delà le rigorisme presbytérien, d’essence calviniste, et le formalisme anglican, qui émane clairement de sa proximité formelle avec le catholicisme. Seuls les unitariens, qui rejetaient le dogme de la Sainte Trinité, étaient clairement stigmatisés comme hérétiques. D’ailleurs, en 1733, James Anderson les condamnera sans appel dans Unity in Trinity and Trinity in Unity. Being a Dissertation against Idolatrers, Modern Jews and Antitrinitarians. Il y a donc de « bons » et de « mauvais » dissidents. L’influence du latitudinarisme et de ses représentants dans la Royal Society est donc essentielle pour comprendre l’esprit qui préside à la rédaction des Constitutions de la Grande Loge.


Mais le latitudinarisme ne postule pas l’indifférence à la différence religieuse, ce qui serait totalement anachronique. Newton est hostile à toute tolérance envers les catholiques. Peut-on dès lors voir dans l’article premier des Obligations, qui font suite dans les Constitutions à la partie consacrée à l’histoire de l’Ordre, une profession de foi déiste comme le fait l’historienne américaine Margaret C. Jacob ? Cela paraît douteux à beaucoup. Le déisme extrémiste d’un John Toland ne pouvait que choquer les fondateurs de la Grande Loge. Le primat de la raison est affirmé, de même que l’accord sur des principes fondamentaux qui permettent de transcender les divergences, et la liberté de conscience. Anderson répond ainsi opportunément au désir de nombreux Écossais de s’intégrer au Royaume-Uni naissant, l’Acte d’union date de 1707. Les références des Old Charges (les Anciens Devoirs qui organisaient la Maçonnerie opérative) aux orthodoxies catholiques (les saints), pour la période antérieure au schisme anglican, puis anglicane (l’Église au sens de la High Church des épiscopaliens) ont disparu. La « religion catholique » à laquelle se réfère Anderson désigne bien, au sens étymologique, la religion universelle. L’influence de la Royal Society est ici encore incontestable :

« (Il faut) accueillir librement des hommes de religion, pays et professions de vie différents (…). Parce qu’ils professent ouvertement, non de vouloir la fondation d’une philosophie anglaise, écossaise, irlandaise, papiste ou protestante, mais d’une philosophie de l’humanité »4.


Il ne s’agit pas de réveiller les douloureux traumatismes religieux qu’un Désaguliers, d’origine rochelaise et huguenote, a personnellement vécus. Pour autant, l’identification de cette religion universelle au christianisme dans l’esprit des promoteurs et du rédacteur des Constitutions ne fait guère de doute. D’ailleurs, les ecclésiastiques protestants sont relativement nombreux sur les colonnes des loges : quarante et un ont pu être identifiés de manière certaine en 1730 sur le registre des membres de la Grande Loge ; cent quarante en 1790, alors que les registres sont incomplets. Aucun des milliers de sermons conservés à la bibliothèque de Lambeth Palace ne stigmatise la Franc-maçonnerie. Il est vrai que les francs-maçons anglais, et parmi eux les ecclésiastiques francs-maçons, sont des partisans inconditionnels de l’Alliance entre l’Église et l’État, œuvre de William Wartbuton parue en 1736. Le Révérend Caleb Fleming n’écrit-il pas dans son commentaire de l’Alliance entre l’Église et l’État :

« Si la Franc-maçonnerie reconnaît la suprématie de l’État, du roi et des magistrats, le fondement essentiel de cette alliance est que l’Église doit employer son influence dominante au service de l’État, et que pour sa part l’État soutienne et protège l’Église » ? Et lors d’un sermon à Lincolns Inn, le Dr Downs, franc-maçon et doyen de Saint-Paul, soutient que « le franc-maçon doit être fidèle aux obligations chrétiennes, il doit célébrer la sainte communion dans un amour fraternel (…). L’Église du Christ est une communauté de maçons spirituels »5.


La République universelle des francs-maçons ne s’est pas encore dégagée du corps des utopies chrétiennes, elle en produira jusqu’au XIXe siècle, qui visent à recréer la concorde entre chrétiens, à gommer les divisions que la confessionnalisation de l’Europe a fait naître, en offrant le prototype de la cité chrétienne pacifiée.

On remarque que, dès l’origine, la Grande Loge ne limite pas la tolérance religieuse aux seuls protestants. Les catholiques ne sont pas exclus, alors que le contexte profane leur est très peu favorable ; plusieurs révoltes, l’interdiction d’accéder à toute charge publique en témoignent. Il faut même souligner la largesse de vue de la Grande Loge, qui se dote, en 1729, d’un Grand Maître catholique en la personne de Lord Thomas Howard, duc de Norfolk. D’autre part, le cosmos maçonnique n’est pas strictement identifié au cosmos chrétien. Le premier Grand Chapelain de la Grande Loge d’Angleterre, William Dodd, ministre de l’Église anglicane, chapelain du roi George III, estime que si les principes moraux de la Franc-maçonnerie paraissent mieux adaptés aux valeurs du christianisme qu’à celles de n’importe quelle autre religion, en réalité, ils ne sont ni exclusivement juifs ou chrétiens.

Dans le contexte de l’époque, la proposition d’opter pour le plus petit dénominateur religieux ou spirituel commun, le Grand Architecte de l’Univers, apparaît donc d’une éclatante modernité. Les défenseurs des Églises établies et les détracteurs de la Franc-maçonnerie ne s’y sont pas trompés. Figure de l’épiscopat français, l’évêque de Marseille, Mgr de Belzunce condamne sans appel les conventicules maçonniques dans un mandement de 1742. Il stigmatise des « assemblées où sont indifféremment reçus gens de toute nation, de toute religion et de tout État. Et parmi lesquels ensuite une union intime qui se démontre en faveur de tout inconnu et de tout étranger dès lors que, par quelque signe concerté, il a fait connaître qu’il est membre de cette mystérieuse société »6. Les deux bulles d’excommunication pontificales du XVIIIe siècle ne sont donc pas seules en cause. Des francs-maçons protestants sont en outre directement victimes de l’Inquisition. On pense notamment au lapidaire John Coustos, fondateur de loge à Londres, Paris, ou encore Lisbonne, qui fait figure de véritable martyr de l’Ordre. Son récit publié en 1746, The sufferings of John Coustos, for free-masonry, and for his refusing to turn Roman Catholic, in the inquisition at Lisbon ; where he was sentenc’d, during four years, to the galley ; and afterwards releas’d…, connaît une large diffusion, bien au-delà des milieux maçonniques.


Mais les persécutions et interdictions de toutes sortes – civiles et religieuses, catholiques et protestantes – ne font que renforcer la curiosité et l’intérêt des contemporains pour la Franc-maçonnerie. Si elle émerge du champ de la sociabilité confraternelle d’Ancien Régime et conserve ses saints patrons, des liens étroits avec les confréries – celles des Pénitents notamment –, elle s’inscrit dans un espace social et public en cours d’autonomisation. La démarche qui conduit l’impétrant à solliciter son adhésion est volontaire et individuelle, en rupture avec l’organisation de la société en corps et communautés. La référence au Grand Architecte de l’Univers – les francs-maçons travaillent sous ses auspices et à sa gloire – est particulièrement souple et permet toute une gamme d’interpré­tations, même si en réalité la plupart des francs-maçons du XVIIIe siècle identifient le Grand Architecte de l’Univers au dieu des chrétiens.

10 Il n’empêche, les conditions d’un dialogue entre les confessions chrétiennes sont permises dès la première moitié du XVIIIe siècle. En cela la Franc-maçonnerie répond aux attentes d’une partie des élites européennes et fait du temple un laboratoire. L’enjeu est d’autant plus important qu’on a trop tendance à oublier que si les Lumières françaises sont majoritairement déistes, elles sont le plus souvent chrétiennes à l’échelle de l’Europe. L’essor des hauts grades maçonniques d’essence chrétienne et chevaleresque à partir du mitan du siècle accentue le caractère chrétien de cette Europe maçonnique et crée du coup des espaces de dialogue interconfessionnel. On peut dans ces conditions s’intéresser aux relations qui s’établissent au sein de ce cosmos chrétien entre francs-maçons catholiques et protestants.

11 Force est de constater en premier lieu que les efforts de neutralisation de la sphère maçonnique sont manifestes, ce qu’atteste un franc-maçon interrogé par le tribunal de l’Inquisition de Lisbonne : « Il était défendu de parler de religion car il y avait des catholiques et des hérétiques ; on évitait donc toute discussion qui aurait pu altérer la bonne entente »7. Éviter toute provocation, c’est entreprendre le difficile apprentissage de la différence et de son respect, sans pour autant renoncer à ses propres valeurs. Non seulement ouvrir le temple à tous les chrétiens, mais ne pas blesser les uns et les autres par une manifestation maladroite de sa foi qui puisse être mal interprétée, tels sont les sentiments qui président également en décembre 1774 à la rédaction par l’Aimable Concorde, orient8 de Rochefort, de son nouveau règlement intérieur :


« Art. 4 : il n’est pas essentiel que cette fête (la Saint-Jean Baptiste, fête de l’Ordre) soit célébrée le jour même […] Tous les membres de la loge étant convoqués trois jours à l’avance se rendront à l’église indiquée pour assister à une Haute Messe qui sera chantée en musique s’il se peut. Les F[rères] Protestants et autres ne seront point tenus d’y être »9.


12 Nous avons affaire ici à une loge représentative du conformisme social et politique des loges françaises de l’Ancien Régime. On notera qu’elle voue à la malédiction, au bannissement et à l’oubli tout membre coupable de félonie et de trahison à l’égard du prince ; en revanche, elle manifeste clairement sa volonté, y compris en s’adressant à l’obédience, de maintenir la concorde entre francs-maçons chrétiens. Les dissensions du monde profane doivent être contenues hors du temple. Ce faisant, la loge refuse de céder aux pressions qu’exercent localement les représentants des autorités politiques et religieuses. En effet, les protestants de Saintonge et d’Aunis sont en butte à la fin de l’Ancien Régime à l’hostilité de l’évêque de La Rochelle, Mgr de Crussol d’Uzès, qui, par un mandement épiscopal du 26 février 1788, dénonce l’Édit de Tolérance – édit royal de 1787 – comme une « loi qui semble confondre et associer toutes les religions et toutes les sectes, [qui] est une suite des nouveaux principes politiques humains qui sont aujourd’hui si communs suivant lesquels la population et le commerce font seuls la gloire et la prospérité des empires ». Pour sa part, l’intendant de Guyenne se montre défavorable à l’anoblissement par le roi du puissant négociant et célèbre franc-maçon de La Rochelle, Jean-Baptiste Nairac, en raison de sa foi réformée.

13 En terre protestante également, les francs-maçons doivent aussi se justifier auprès de leurs Églises. Dans ces conditions, certains frères de la Stricte Observance Templière, système ou régime maçonnique qui unit protestants et catholiques dans une conception résolument chrétienne et chevaleresque de l’Art Royal10, ont cherché à faire du temple un laboratoire où catholiques et protestants prépareraient ensemble la « réunion des sectes chrétiennes ». Joseph de Maistre l’affirme dans son Mémoire au duc de Brunswick en 1782 : les francs-maçons ne doivent pas perdre l’occasion de sublimer leur Ordre cosmopolite en un Ordre œcuménique, travaillant à la gloire du Grand Architecte de l’Univers. On saisit par là combien son projet de République universelle, de passeport maçonnique universel se distingue du chaos d’une « République universelle (avec) une liberté absolue des consciences11 » que stigmatise Nicolas Bergasse, intime de Madame de Krüdener, et on comprend mieux pourquoi l’Europe chrétienne de la Stricte Observance Templière a inspiré les fondateurs de la Sainte-Alliance.


14 Pour Joseph de Maistre, les sensibilités sont moins exacerbées, et l’indifférence religieuse croissante a au moins permis de désamorcer les tensions nées de la Réformation. Des tentatives de rapprochement, autrefois vouées à l’échec, sont donc envisageables12:


« Dans cet état de choses, ne serait-il pas digne de nous, Monseigneur, de nous proposer l’avancement du christianisme, comme un des buts de notre ordre ? Ce projet aurait deux parties, car il faut que chaque communion travaille sur elle même et travaille à se rapprocher des autres […] Le moment est encore plus favorable, car les systèmes empoisonnés de notre siècle ont au moins produit cela de bon que les esprits, à peu près indifférents sur la controverse, peuvent se rapprocher sans se heurter. Il faut être de nos jours versé dans l’histoire pour savoir ce que c’est que l’Antéchrist, et la prostituée de Babylone. Les théologiens ne dissertent plus sur les cornes de la Bête. Toutes ces injures apocalyptiques seraient mal reçues aujourd’hui : chaque chose porte son nom. Rome même s’appelle Rome, et le pape, Pie VII »13.


15 Joseph de Maistre propose de travailler discrètement, sereinement, à la réunion des Églises chrétiennes dans le retrait des temples maçonniques. Car « jamais cette réunion n’aura lieu, tant qu’elle se traitera publiquement »14. Les frères doivent aplanir, sans éclat, progressivement, les différends qui minent les Chrétiens.


« Il faut [donc] établir des comités de correspondance composés surtout des prêtres des différentes communions que nous aurons agrégés et initiés : nous travaillerons lentement mais sûrement. Nous n’entreprendrons aucune conquête qui ne soit propre à perfectionner le grand œuvre. Il faudrait bien se garder de mettre le feu à la mine avant d’être sûrs de l’effet ; et comme, suivant l’expression énergique d’un ancien père, l’univers fut autrefois surpris de se trouver arien, il faudrait que les chrétiens modernes se trouvassent surpris de se voir réunis »15.


16 En affirmant que l’Ordre maçonnique est prédisposé par sa nature cosmopolite et chrétienne à prendre en charge la réunion des Églises chrétiennes, à s’investir dans le projet œcuménique qui s’affirme depuis la fin du XVIIe siècle16, l’auteur du Mémoire au duc de Brunswick fait écho aux discours de plusieurs francs-maçons protestants de premier plan, parmi eux Frédéric-Rodolphe Saltzmann correspondant assidu de Jean-Baptiste Willermoz – négociant lyonnais et figure européenne de la Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle –, et médiateur culturel entre la France et l’Allemagne. De cette position de contact, il peut, en relation avec ses frères Jean et Bernard-Frédéric de Türckheim prendre conscience des enjeux d’un œcuménisme maçonnique et chrétien et des menaces qu’une rupture entre catholiques et protestants ferait courir à leur Ordre. « C’est le cœur plein de tristesse – écrit Saltzmann, fils de pasteur – que nous avons considéré longuement les scissions qui existent entre les différentes parties de l’Église chrétienne universelle... l’humanité entière devrait s’unir pour écarter les obstacles qui empêchent une réconciliation »17. De son côté, Bernard-Frédéric de Türckheim, futur président du Consistoire général de l’Église de la Confession d’Augsbourg, appelait catholiques, calvinistes et luthériens à dépasser les affrontements confessionnels, pour se retrouver dans la foi du Christ : « Mon cœur ne connut point de différence de confession : je fus persuadé que là où l’on adore le Seigneur J. Christ, il n’y a pas d’idolâtrie, que les formes extérieures des confessions sont des instituts des hommes, plus ou moins rapprochés du but essentiel ». Et d’adresser au Grand Maître de la Stricte Observance une vibrante profession de foi universaliste : « N’ayant jamais étudié les Dogmes religieux, ne connaissant pas même la source de la Division des humains, j’eus une tolérance maçonnique universelle, des principes religieux très universels »18. Pour ces Strasbourgeois, membres de loges qui voyaient affluer à chaque assemblée – ou tenue – de nombreux étrangers, venus d’Angleterre, d’Allemagne, de Pologne, de Russie, de Suède et des provinces baltes, le cosmopolitisme maçonnique était une réalité tangible.


17 De son côté, le diplomate français, de noblesse catholique, Marie-Daniel Bourrée de Corberon, qui confie à Charlotte Behmer, sa future épouse allemande et protestante : « tu connais mon opinion sur les différences ridicules qui séparent nos églises »19, espère beaucoup de la diffusion des idées de Swedenborg :


« D’un côté il ôte au Protestantisme son insuffisance de culte, de cérémonies, de croyance même ; au Catholicisme le despotisme des prêtres, le despotisme d’une foi aveugle, etc., etc. Et il résulte de sa refonte des trois confessions un composé sublime de bonté et de justice, de mystère et de lois, de merveilles et de raison dont le tout ensemble fait désirer au Chrétien Philosophe que Swendenborg ait raison, et que sa révélation ne soit pas mensongère »20.


18 Le dialogue entamé entre les francs-maçons catholiques et protestants implique donc la plupart des grandes figures de la Franc-maçonnerie templière. Il s’est cependant rapidement soldé par un échec, car si le lien maçonnique, par sa nature initiatique, permet d’ouvrir dans le temple un espace de concorde et d’amour fraternels, en revanche, il peine hors du temple, dès lors que chacun a retrouvé ses « métaux » – le terme désigne les préjugés profanes –, à transcender les antagonismes politiques, sociaux et confessionnels. De fait, le dialogue annoncé s’est fréquemment mué en controverse, y compris chez ses plus chauds partisans. Joseph de Maistre n’écrit-il pas dans le Mémoire au duc de Brunswick, quelques lignes après avoir prôné la réunion des chrétiens dans les loges, et fixé comme but au convent de Wilhelmsbad d’établir « le règne de Christ par l’union des Églises » : « Il n’est pas douteux que l’ouvrage devrait commencer par les catholiques et les luthériens d’Augsbourg, dont les symboles ne diffèrent pas prodigieusement. Quant, aux calvinistes, s’ils sont de bonne foi, ils doivent convenir qu’ils ont étrangement défiguré le christianisme. Ainsi, c’est à eux de nous faire des sacrifices » ?21 Lorsqu’il propose d’organiser le corps maçonnique européen en s’inspirant du fonctionnement de l’Église catholique, la maladresse de Joseph de Maistre confine à la provocation.


19 En fait, de part et d’autre, on est encore bien loin de la tolérance et du respect de la différence. La sérénité des discussions est perturbée par les retombées de la crise du cryptocatholicisme. L’atmosphère devient même parfois rapidement délétère. Friedrich Tieman s’en fait l’écho dans la correspondance échangée avec le maître lyonnais Jean-Baptiste Willermoz : « J’ai trouvé dans mon dernier voyage, l’Allemagne dans une crise violente […] Trois ou quatre ouvrages publiés cette année, et des frères fort instruits dans cette partie m’ont appris que les jésuites jouent un rôle inouï et inconcevable dans la maçonnerie […] que leur doctrine a passé aux princes Frères a Victoria (Ferdinand de Brunswick-Lunebourg-Wolfenbüttel), a Leone Resurgente (Charles de Hesse-Cassel), au Roi de Prusse etc. et que tous ceux là sont catholiques et jésuites dans le cœur […] Ces bruits répandus par toute l’Allemagne, ont suspendu le plus grand nombre des Loges. Toutes se réunissent pour s’opposer au progrès du jésuitisme, toutes crient à l’alarme »22. Véhiculée par les Lumières radicales, Friedrich Nicolai et Johann Joachim Christoph Bode en tête, la psychose du complot jésuitique visant à s’emparer des loges et de leurs réseaux ébranle la Franc-maçonnerie allemande et scandinave et au-delà l’ensemble des francs-maçons protestants. La presse maçonnique se fait l’écho de rumeurs de conversion parmi les princes protestants et dignitaires maçonniques. Le célèbre Freymaurer-Zeitung de Neuwied rapporte à propos du roi de Suède que « la rumeur selon laquelle le roi de Suède se serait converti au catholicisme ne cesse de s’amplifier. Un certain journal assure que les protestants en seraient les instigateurs parce qu’ils auraient été jaloux de ce que le roi aurait assisté à une messe dite par l’abbé Vogler ».


20 Il ne faut pas surestimer la réussite du projet maçonnique. En effet, les préjugés, a priori profanes, ne restent pas aux portes du temple. Il n’est pas facile de se déprendre de décennies de suspicion à l’égard de l’autre. Les Illuminés d’Avignon attirent alors des protestants venus de toute l’Europe, et notamment de Suède, d’Angleterre et de Prusse. Or, le bruit se répand qu’une conversion préalable au catholicisme est obligatoire pour être admis dans le cercle théurgique de l’abbé Pernéty23. Bientôt une véritable paranoïa s’installe. Un échange de lettres entre le médecin piémontais Sébastien Giraud, intime de Jean-Baptiste Willermoz, et son ami strasbourgeois Bernard-Frédéric de Türckheim en est l’illustration.


« Que je vous apprenne -écrit de Turin, Sébastien Giraud le 5 février 1784 – une singulière nouvelle qui vous fera rire ! Avant la mort du Prétendant [Stuart – en qui certains voyaient le Supérieur inconnu des francs-maçons et l’héritier du Temple]: le roi de Suède est allé le voir, a eu plusieurs conférences avec lui, & enfin lui a demandé pour la somme de Mille louis d’or la résignation de sa place de Grand Maître de l’O[rdre] des T[empliers] que celui-ci lui a résigné de très grand cœur comme vous imaginez ; & en conséquence il lui a donné une Patente, dont la Suède va se prévaloir ».

21 Bernard-Frédéric de Türckheim prit pour sa part l’affaire très au sérieux, et répondit à Sébastien Giraud sur un ton qui témoigne de sa réceptivité aux rumeurs de conversion :

« Meiningen le 15 mai 1784.

D’après des nouvelles de Rome, trouvées à Gotha, le roi de Suède n’aurait non seulement acheté les Droits prétendus ou imaginaires du Prince Stuart sur la Grande Maîtrise Générale de l’Ordre, mais le roi se serait lui même fait Catholique Romain, & aurait fait réhabiliter par le Pape l’ancien O[rdre] du T[emple] dont les officiers à la suite du roi portaient, à ce qu’on dit, la petite croix rouge tout ouvertement sur l’habit & donc on ferait entrer encore la Croix par la suite dans le Grand Ordre de Suède connu sous le nom de Séraphins ».

22 Dans ce contexte, il est facile de croire que Jean-Baptiste Willermoz et ses Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte ont pris la tête d’un complot papiste. La conversion au catholicisme des frères Bacon de la Chevalerie et d’Hauterive, sous l’impulsion de Willermoz, en apporte la preuve supplémentaire. Par ailleurs, les nombreuses maladresses de Willermoz, qui affiche sans retenue sa foi catholique, sont ressenties comme autant de provocations. Ainsi, lors de son admission dans l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, Bernard-Frédéric de Türckheim sursaute en entendant l’« Agent inconnu »24 rappeler le dogme de « l’infaillibilité de l’Église officielle », et s’émeut lorsque le même Agent inconnu en appelle à la « défense de la religion par l’Épée ». Triste et amer, Türckheim demande des explications à Willermoz :


« J’ai gémi davantage Mon Ami lorsque vous m’avez dit, que vous n’aviez pu répondre à la note de la Ve province [de Bourgogne, dont Strasbourg est le chef-lieu dans la géographie templière] sur la défense de la religion par l’Épée, tandis qu’il n’existait qu’Une religion de Jésus-Christ ». Deux mois plus tard, il revient à la charge : « je m’élève contre l’Épée donnée à l’apprenti maçon pour la défense de la religion sur les Ordres du souverain [...] que tous les Chrétiens non Romains abhorrent ».

23 Loin d’être rassuré, Bernard-Frédéric de Türckheim comprend que toute perspective de rapprochement s’est évanouie. De part et d’autre, les vieux démons ont resurgi, ainsi que des accusations vieilles de plusieurs siècles. Türckheim écrit en ces termes à Willermoz :

« Je vois mon Cher Ami qu’il se conserve un Esprit parmi vous qui n’est pas entièrement dégagé des restes du XIIIe siècle, et que cette charité douce et tendre, cette instruction universelle des hommes est subordonnée à des considérations particulières qui feront ou bien échouer les desseins les plus chers à l’humanité, ou amèneront les chrétiens contre leurs frères ».

24 La réponse du frère lyonnais, d’une grande virulence, met fin à tout espoir. Le conflit entre l’identité religieuse et l’identité maçonnique est patent ; l’antagonisme religieux et l’incompré-hension de l’autre ont pris le pas sur la tolérance et la fraternité maçonnique. Après avoir souligné le courage des francs-maçons protestants qui se sont convertis au catholicisme à l’incitation de l’« Agent inconnu », Willermoz lance en direction de Bernard-Frédéric de Türckheim que

« le prétendu zèle des Réformateurs n’avait de mobiles que leur orgueil et leurs passions et [...] [que] les souverains qui soutinrent leur zèle l’épée à la main, n’avaient quant aux plus grand nombre d’autres persuasions que celles que leur dictaient leur politique, la haine et d’autres passions ». Et d’ajouter : « Une séparation fondée sur des passions et sur l’anéantissement des dogmes les plus essentiels n’a pu produire un culte vrai et pur »25.


25 Hier comme aujourd’hui le chemin du dialogue œcuménique est pavé de bonnes intentions tout comme il est parsemé de chausse-trappes.

26 En outre, les francs-maçons peinent à élargir le champ du dialogue œcuménique aux non-chrétiens… Gotthold Ephraïm Lessing, figure de l’Aufklärung allemande, met le doigt dans ses Dialogues pour des francs-maçons sur cette identification du cosmos maçonnique à la Respublica christiana pour la regretter.

« — Ernst : Elle [la tolérance] existerait encore ? si elle n’avait jamais existé ! Fais venir un Juif éclairé et fais lui faire sa demande ! « Oui », dit-on, « un Juif ? » Le franc-maçon doit être chrétien. Peu importe quelle sorte de chrétien. Sans différence de religion ne veut dire que sans différence entre les trois religions officiellement tolérées dans le Saint Empire Romain. Es-tu de cet avis ?

Falk : Moi, certainement pas ».26


27 Les Juifs cristallisent l’opposition à une ouverture du temple aux non-chrétiens. L’exemple de Saint-Esprit-lès-Bayonne, véritable « niche juridique » (Anne Zink) est particulièrement révélateur puisque les Juifs y sont considérés non comme Juifs mais comme Portugais. Au terme d’une crise douloureuse qui se noue autour de l’élévation de francs-maçons juifs, co-fondateurs de la loge bayonnaise de la Zélée, à des hauts grades d’essence chevaleresque et chrétienne, notamment celui de Souverain Prince de Rose Croix, une majorité de frères chrétiens fait sécession, faute d’avoir pu expulser les juifs de la chaîne d’union. Elle fonde l’Amitié et justifie en ces termes l’exclusion des juifs de la Fraternité maçonnique :

« Cette admission [de membres juifs] empêcha nombre de frères respectables par leurs qualités civiles et maçonniques de se présenter pour se faire affilier…. Nous savons tous que l’homme est l’égal de l’homme, qu’une des plus belles vertus du vrai maçon est de rappeler cette vérité ; mais nous savons aussi que la douceur, l’honnêteté, la politesse doivent former la base de la société, si on veut y trouver de l’agrément ».

28 C’est bien le maintien dans le cercle sélectif de la culture légitime, dont les normes d’inclusion et d’exclusion sont fixées par le royaume de la civilité et du goût, qui est en jeu ici. Et après être arrivés à leurs fins, ils concluent non sans satisfaction :

« Les membres qui s’opposaient à notre union et à notre prospérité ne sont plus à même de nous nuire ; nous avons goûté enfin le bien précieux d’être vraiment une assemblée d’amis »27.


29 A Liège, plaque tournante du commerce du livre clandestin dans l’Europe des Lumières, Pierre de Sicard, ancien consul de France à Seyde, l’antique Sidon, centre des établissements français en Syrie méridionale, fondateur de loges en Martinique, à la Guadeloupe et en Alsace prend soin de préciser dans l’article VI des Règlements de la loge L’Union des Cœurs, que le temple est interdit « aux Juifs, Mahométans et Goths et autres qui ont la circoncision pour baptême – exemple révélateur d’association entre altérité religieuse et altérité physique – »28.


30 La Franc-maçonnerie est donc non seulement un laboratoire où les amis choisis apprennent à se reconnaître comme alter ego et à s’apprécier comme frères. Elle est encore un observatoire des enjeux du siècle des Lumières et des lignes de forces et de fracture qui la traversent. Le cosmopolitisme mondain et aristocratique du XVIIIe siècle n’est pas l’universalisme militant du XIXe siècle ; de même, le processus de sécularisation des élites européennes n’empêche pas leur adhésion, fût-elle seulement sociale, à la dimension chrétienne de l’Ordre maçonnique. Le temps du combat pour une conception militante de la laïcité n’est pas encore venu.

Notes


1 Paul Hazard, La crise de la conscience européenne 1680-1715, Paris, Boivin et Cie, 1935, éd. 1994, Le Livre de Poche.

2 Jérôme Lousse-Lacordaire, Rome et les francs-maçons, histoire d’un conflit, Paris, Berg international éditeurs, Pensée politique et sciences sociales, 1996, pp. 36-37.

3 John Tillotson, Letters to William Penn. Passages from the life and writings of William Penn, Philadelphia, 1882, pp. 311-312, cité par Donald Challen, The Church, Radicalism and the rise of Freemasonry in Eighteenth century England, essai dactylographié, s. l., 1996, p. 4 ; traduit par nos soins.

4 Thomas Sprat, History of the Royal Society, cité par Jérôme Rousse-Lacordaire, Rome et les francs-maçons, histoire d’un conflit, op. cit., p. 40, d’après Michael Heyd, « Be sober and reasonnable ». The Critique of Enthusiasm in the Seventeenth and the Early Eighteenth Centuries, Leiden : E. J. Brill, Brill’s studies in intellectual history, 63, 1995, p. 153.

5 Sermons Preched at Incolns Inn 1737, Londres 1737, cité par Donald Challen, The Church, Radicalism and the rise of Freemasonry…, op. cit., p. 12.

6 Bibliothèque municipale de Carpentras, mss 891, f° 68-70, mandement épiscopal du 14 janvier 1742.

7 José Antonio Ferrer-Benimeli s. j., Les archives secrètes du Vatican et de la Franc-maçonnerie, Histoire d’une condamnation pontificale, préface de Michel Riquet s. j., traduit de l’espagnol par G. Brossard, Paris, Dery-Livres, 1989, p. 167.

8 Le terme désigne la ville où est implantée une loge.

9 Chapitre Premier. Statuts et Règlements Généraux de la Maçonnerie, l’Aimable Concorde, orient de Rochefort, publiés par Francis Masgnaud, Franc-Maçonnerie et Francs-Maçons en Aunis et Saintonge sous l’Ancien Régime et la Révolution, préface de Jean Glénisson, La Rochelle, Rumeur des Âges, 1989, p. 84.

10 Le terme désigne traditionnellement la géométrie et par extension la Franc-maçonnerie.

11 Jean-Denis Bergasse, D’un rêve de réformation à une considération européenne. MM. les députés Bergasse (XVIIIe-XIXe siècles), Cessenon, chez l’auteur, 1990, p. 417.

12 On notera que Joseph de Maistre se contredit, puisqu’il déplorait à la même époque le véritable syndrome du cryptocatholicisme qui interdisait tout dialogue inter-confessionnel serein en Allemagne.

13 Joseph de Maistre, Mémoire au duc de Brunswick, Œuvres II, Écrits maçonniques de Joseph de Maistre et de quelques-uns de ses amis françs-maçons, éd. critique par Jean Robotton, Centre d’Etudes Franco-Italien, Universités de Turin et de Savoie, Genève, Slatkine, 1983, p. 107.

14 Ibid., p. 108.

15 Ibid., p. 108.

16 Anne-Louise Salomon, Frédéric-Rodolphe Saltzmann 1749-1820, son rôle dans l’histoire de la pensée religieuse à Strasbourg, Paris, Berger-Levrault, 1932, pp. 43-50, 53, 59, 61-64.

17 Ibid., p. 45.

18 Archives privées, Fonds de Türckheim, lettre de Bernard-Frédéric de Türckheim au duc de Brünswick, 26 février 1787.

19 Médiathèque Ceccano, Avignon, ms 3059, Journal de Marie-Daniel Bourrée de Corberon, f° 98, mardi 3 avril 1781.

20 Médiathèque Ceccano, Avignon, ms 3060, Journal de Marie-Daniel Bourrée de Corberon, copie d’une lettre de décembre 1785 adressée à M. de Vauvilliers.

21 Joseph de Maistre, Mémoire au duc de Brunswick, op. cit., p. 108.

22 Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Willermoz, ms 5869, lettre de Tieman à Willermoz du 14 octobre 1786.

23 Antoine Faivre note à ce sujet : « Les Illuminés d’Avignon, appelés aussi “rois du nouvel Israël”, groupaient dès les années quatre-vingts un nombre grandissant d’Avignonnais et d’étrangers. Des Anglais, des Suédois, changeaient de foi pour obtenir le droit d’être reçus, ce qui tendrait à prouver que dans cette secte, le catholicisme était obligatoire » [Antoine Faivre, « Un familier des sociétés ésotériques au dix-huitième siècle : Bourrée de Corberon », Revue des Sciences Humaines, avril-juin, 1967, repris dans Antoine Faivre, Mystiques, Théosophes et Illuminés au siècle des Lumières, Studien und Materialen zur Geschichte der Philosophie, Band 20, Hildesheim-New-York, Georg Olms, 1976, p. 166, note 110].

24 Marie-Louise de Vallière, chanoinesse de Monspey.

25 Bibliothèque municipale de Lyon, fonds Jean-Baptiste Willermoz, ms 5868.

26 Gotthold Ephraïm Lessing, « Quatrième dialogue », Dialogues pour des francs-maçons, trad. fr. (Le Mans, 1992, Le Borrego), p. 55.

27 Bibliothèque Nationale de France, Cabinet des manuscrits, fonds maçonnique, FM2 159 bis, dossier de l’Amitié, orient de Bayonne, f°11 v°, 12 juillet 1783.

28 Cité par Georges de Froidcourt, François-Charles, comte de Velbruck prince évêque de Liège franc-maçon. Contribution à l’histoire du XVIIIe siècle au pays de Liège, Liège, Protin-Vuidar, 1936, p. 78.

Pour citer cet article


Référence électronique

Pierre-Yves Beaurepaire, « Le temple maçonnique », Socio-Anthropologie, N°17-18, Religions et modernités, 2006, [En ligne], mis en ligne le 16 janvier 2007. URL : http://socioanthropologie.revues.org/document466.html. Consulté le 24 mars 2009.

Auteur


Pierre-Yves Beaurepaire

Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine, Université de Nice Sophia-Antipolis

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