4/12/2009

A PROPOS DE LIBERTE CHERIE

Pièces d’un “puzzle” ?! Le 15 novembre 1943, nous arrivons à Esterwegen dans un groupe de 15 résistants arrêtés par la “Gestapo” de Bruxelles fin juillet - début août 1943. Le lendemain, douze d’entre - nous se retrouvent à la baraque 6 et nous y resteront jusqu’au 12 février 1944. A cette date, plusieurs centaines de P.P. N.N. sont transférés à Börgermoor jusqu’au 13 mars 1944.Nous faisons partie de ce contingent ainsi que le Dr. Degueldre et son groupe. Le 13 mars 1944 nous revenons à la baraque 6 et nous y resterons jusqu’au 14 avril. Nous allons quitter définitivement Esterwegen le 14 avril 1944 pour un transfert vers l’intérieur de l’Allemagne. Dés le jour de notre arrivée à Esterwegen , 6 membres de notre groupe sont installés à la même table que cinq FF.: 4 d’entre-eux sont arrivés dans les premiers contingents en mai 1943 : Franz Rochat, Jean Sugg , Guy Hannecart et Paul Hanson. Le cinquième Luc Somerhausen n’est à Esterwegen que depuis le 12 octobre 1943. Comme il connaît son collègue journaliste Jean Lagneau qui fait partie de notre groupe de 12, il l’invite à sa table et 5 des amis de Lagneau se joignent à lui. Parmi ceux-ci, Simon Goldberg étudiant à l’U.L.B. et Joseph Berman qui eux aussi connaissent Somerhausen. Et ainsi, très vite nous sommes en relation directe avec les F.:-M.: qui ne nous cachent pas leur appartenance mais tiennent leurs réunions entre -eux, tandis que nous nous écartons discrètement. A la table la plus proche, dans un groupe de prisonniers arrivés à Esterwegen le 15 octobre 1943, un autre F.: le docteur Joseph Degueldre de Pépinster qui ne dit pas à ses compagnons qu’il est F.*.M.*. Bien des années après notre retour d’Allemagne nous apprendrons qu’il est Franc-Maçon et nous croirons longtemps qu’il n’a été initié qu’après la guerre. Tout récemment, j’ai appris qu’il avait été initié en 1933 et dans une planche présentée à la Loge des Amis Philanthropes en 1982, le F.: Fernand Erauw déclare : “ A la suite d’un article publié dans les feuillets du G.O. en décembre 1975, certains F.:F.: se sont manifestés, dont un F.: Degueldre, un médecin de Verviers qui a dit : “Moi aussi j’ai fait partie de “Liberté Chérie”... Le 16 novembre 1943, il y a donc 6 F.: Maîtres dans la baraque et le 22 novembre lorsqu’arrive Amédée Miclotte il est le 7ième M.: et rend la L.: juste et parfaite. A condition d’admettre que Guy Hannecart et Joseph Degueldre ont bien été deux des fondateurs de Liberté Chérie celle-ci a donc été créée dans la seconde quinzaine de novembre 1943 comme l’affirment le F.: Somerhausen et le F.: Erauw après lui. Pourtant, les noms de ces deux FF:. ne figurent pas sur la liste des 7 fondateurs présentés plus tard par le F.: Somerhausen ?!?! -2- Dans une première lettre, datée du 26 août 1945, soit à peine deux mois après son retour, le F.: Luc Somerhausen écrit au Sér.: G.: M.: du Grand Orient pour demander la reconnaissance de la Loge “Liberté Chérie”. Il écrit notamment : “J’espère pouvoir reconstituer à peu près la liste des adhérents Voici les noms de ceux qui me sont revenus à la mémoire actuellement : Hanson +, Jean Sugg +, F. Rochat +, H.Declercq +, Van Biesbrouck +, Hannecart +, Van Dubelen +, Amédée Miclotte ?, Notaire De Hemme , Louis Camu, Jean Allard. Soit, onze noms, avec celui de Luc Somerhausen cela nous donne douze membres. Dans sa lettre du 8 octobre 1945: “Sous la présidence de feu le F.:Hanson , la loge, siégeant illégalement, décida l’admission sous réserve d’initiation régulière future du prof.: Fernand Erauw fonctionnaire à la Cour des Comptes, 172 avenue Woeste à Jette. Fernand Erauw assista ultérieurement à nos réunions et, après mon départ du camp donna même une conférence. Soit, un treizième nom cité par Luc Somerhausen. Le 9 décembre 1945, Luc Somerhausen remercie le Sér.:Gr.:M.: “Liberté Chérie peut prendre rang, parmi les L.: de l’obédience à dater de sa constitution qu’on peut fixer aux environs du 15 novembre 1943. Jean Tytgat dont on pourrait éventuellement reconnaître l’initiation comme celle de Fernand Erauw, ayant été initié lui aussi à Esterwegen. Je serais heureux de connaître les noms des FF.: qui ont appartenu à Liberté Chérie après mon départ en février 1944. (22 février 1944). Soit Jean Tytgat un quatorzième nom et,de plus, il laisse supposer que d’autres noms pourraient être ajoutés à cette liste , sans toutefois préciser davantage. Trente ans plus tard, en décembre 1975, dans les “Feuillets d’information du G.:O.:B.: le F.: Somerhausen retrace, selon ses souvenirs, l’épopée de la création de “Liberté Chérie”. Il y donne les noms de 7 FF.:qui ont créé la L.: à la baraque 6 : Paul Hanson - François Rochat - Jean Sugg -Amédée Miclotte Jean De Schrijver - Henry Story et Luc Somerhausen. A partir de ce moment, ce sont les seuls noms qui seront retenus comme fondateurs de “Liberté Chérie” ?!?! Celui de Fernand Erauw sera ajouté comme nouvel initié Il ajoute : “Des recherches entreprises après guerre il résulte que d’autres FFF.: que les 7, habitant la baraque 6 d’Esterwegen étaient détenus dans ce camp. Le fait qu’ils ne figurent pas parmi les fondateurs de la L.:Liberté Chérie et qu’ils n’étaient même pas connus par les 7 Maç.: résulte tout simplement de ce que, comme on l’a dit, tout contact était interdit entre les divers baraquements, sauf contacts exceptionnels et dangereux, exclusifs de tout entretien permettant une reconnaissance maç.: Ultérieurement donc, il a été possible d’établir que se trouvaient au camp les FFF.: Octave Tiquet - Guillaume Hannecart - Louis Schmidt - Herman De Clercq - et Raymond Volkerick -3- Ainsi , sur cette liste de noms des 7 fondateurs de Liberté Chérie, nous retrouvons ceux de 5 FFF.: qui figuraient déjà dans la lettre du 26 août 1945: Paul Hanson - Franz Rochat - Jean Sugg - Amédée Miclotte et Luc Somerhausen. Les noms de Jean-Baptiste De Schrijver et Henry Story apparaissent pour la première fois en 1975 et Guy Hannecart , qui était cité en 1945 ne figure pas parmi les 7 fondateurs. Luc Somerhausen déclare que Guillaume Hannecart n’était pas à la baraque 6 ! Or, avec mes 3 compagnons de captivité libérés en 1945,- dès notre arrivée à la baraque 6, le 16 novembre 1943 et jusqu’au début de la dispersion en février 1944- nous avons bien connu l’avocat - poète et dramaturge Guy Hannecart , que nous avions appelé “L’Empereur à la barbe fleurie”. Par contre, aucun de nous n’a connaissance du séjour de Jbste. De Schrijver et de Henry Story. Bien sûr, ils étaient Flamands et nous des handicapés linguistiques Wallons !!! Néanmoins, en consultant leurs dossiers respectifs, j’ai pu m’assurer qu’ils avaient été Prisonniers politiques à Esterwegen.. Toutefois, ces deux grands résistants ont été arrêtés en septembre et octobre 1943 ils ont d’abord été internés dans les prisons belges de Gand, Leuven, Saint-Gilles et Breendonk. Jbste. De Schrijver est arrivé à Esterwegen le 7 février 1944, Henry Story le 18 mars 1944. Ils n’étaient donc pas présents à Esterwegen en novembre 1943 et à cette date, même avec Guy Hannecart , nous n’aurions plus que 6 Maîtres Maç.: à la baraque 6. Ce n’est que tout récemment que nous avons appris qui était le 7ième. Arrivé le 15 octobre 1943, 3 jours après Luc Somerhausen, le Dr. Joseph Degueldre médecin à Pépinster, avait été initié à la R.:L.: Le Travail à l’Or.: de Verviers en 1933. Nous l’avons très bien connu à la baraque 6 dés le 16 novembre 1943 et à partir de ce moment nous ne l’avons plus quitté qu’après notre retour en Belgique. Ensemble à Esterwegen et à Börgermore , puis à la prison d’Ichtershausen du 16 avril 1944 au 7 avril 1945 A cette date nous avons été évacués dans une “marche de la mort” et nous sommes évadés ensemble à Pösneck le 11 avril 1945. Libérés par les troupes américaines le 15 avril et rapatriés en avion le 7 mai 1945. Dans une planche présentée à la Loge “Les Amis Philanthropes” le 23 octobre 1982, le F.: Fernand Erauw déclare : “A la suite d’un article publié dans les feuillets du G.O. en décembre 1975, certains FF.: se sont manifestés, dont un F.: Degueldre, un médecin de Verviers qui a dit : Moi aussi j’ai fait partie de Liberté Chérie”. En conclusion il semble tout a fait probant d’affirmer que la L.: ayant été créée en novembre 1943 : les 7 fondateurs sont : Franz Rochat - Jean Sugg - Guy Hannecart - Paul Hanson - Luc Somerhausen - Joseph Degueldre et Amédée Miclotte. Jean-Baptiste Deschrijver et Henry Story sont 2 membres affiliés ultérieurement Fernand Erauw est le seul initié à la R.:L.: Liberté Chérie peu avant le départ définitif de Luc Somerhausen le 22 février 1944. Chronologie : - Lundi 7 février 44 arrivée de Jbste. De Schrijver - Samedi 12 février 44 départ de J. Degueldre à Börgemore - Dimanches 13 et 20 février 44 dernières tenues auxquelles participe Luc Somerhausen .Il y a donc toujours 7 M..M.. car - JBste. De Schrijver remplace J.Degueldre et est 2d. Surveillant. lorsqu’on y procède à l’initiation de Fernand Erauw . - Le mardi 22 février 1944 Luc Somerhausen quitte définitivement Esterwegen. - Le 13 mars 44, J. Degueldre quitte Börgermor et revient à la baraque 6 - Le 15 mars 44, J.B. De Schrijver quitte Esterwegen. - Le 18 mars Henri Story arrive à Esterwegen presque un mois après le départ de Somerhausen qui n’a donc pas pu l’y connaître à la baraque 6 - Dans les jours et les semaines qui suivent les autres partent avec de petits groupes vers des destinations diverses. - 7 vont y trouver la mort :Franz Rochat-Jean Sugg-Paul Hanson-Guy Hannecart- Amédée Miclotte-J.-Bste. De Schijver et Henry Story - Joseph Degueldre-Luc Somerhausen et Fernand Erauw sont rapatriés en mai 45. -4- L’influence supposée des prêtres catholiques. Lorsqu’il arrive à la baraque 6 (le 12 octobre 1943), il découvre 4 F.’. M.’. qui sont à Esterwegen depuis 4 mois et demi (mai 1943) et se sont regroupés à une même table constituant ainsi un “Cercle Fraternel”. Luc Somerhausen n’était donc pas présent au moment où s’est réalisé ce regroupement. Plus de trente ans plus tard, lorsqu’il essaye de retracer les circonstances et conditions de création de la Loge Liberté Chérie à la demande du secrétaire permanent du G.’.O.’., il s’interroge et émet une hypothèse : “Il serait bien difficile aujourd’hui - trente ans après les faits - de dire si c’est la ferveur religieuse des prêtres qui a conduit les Maç.’. à se rapprocher toujours est-il qu’au hasard des conversations quelques FFF.’. s’étaient déjà retrouvés et dûment reconnus. (Cf. Les Feuillets d’Informations du G.’.O.’.B.’.) L’organisation de la garde pour surveiller les allées et venues des gardiens afin de donner l’alerte en cas de visite intempestive de l’ennemi existait elle aussi bien avant l’arrivée de Luc Somerhausen. Elle n’était d’ailleurs pas le fait de la seule baraque 6 - le même système se retrouvait dans toutes les baraques. et fonctionnait de manière permanente donc pas uniquement le dimanche matin. Toutefois pendant la messe, qui se tenait au dortoir, l’unijambiste liégeois François s’installait près de la porte de communication entre le réfectoire et le dortoir et était prêt à intervenir pour répercuter le signal “22" dans le dortoir pour avertir ceux qui étaient à la messe. Pendant ce temps là, en même temps, les FFF.’. profitaient de l’absence des catholiques pour s’installer à une des tables délaissées et y tenir leurs travaux en toute discrétion. Ces travaux étaient donc normalement couverts par la garde permanente et il n’était pas nécessaire de demander l’aide des catholiques d’autant plus que ceux -ci étaient au même moment occupés à la messe. La garde permanente était assurée par les “non-croyants” “non-Maç.’.” qui à partir de novembre 43 étaient trois fois plus nombreux que les FFF.’.(12 membres du R.N.J. - 7 F.T.P. Français - 4/5 P.A.Liègeois le chef de baraque Ephrem Van den Eede, François l’unijambiste,...) FranzBridoux

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