2/07/2018

Franc-Maçonnerie et Catholicisme



Le coup d'épingle d'Etienne Perrot sj


S’il fallait une preuve de la diversité des obédiences maçonniques et des positions de l’Église catholique romaine face à la Franc-Maçonnerie, il suffirait de comparer d’un côté l’interview de Dominique Alain Freymond, président de la Grande Loge suisse Alpina (Le Temps du vendredi 20 octobre 2017), d’autre part l’ouvrage -qui vient d’être traduit en français- d’Angela Pellicciari Les Papes et la Franc-Maçonnerie, une opposition séculaire. À l’occasion de la parution de la toute nouvelle édition du Guise suisse du Franc-Maçon, Dominique Alain Freymond montre une ouverture d’esprit étrangère à certaines Obédiences françaises -je pense notamment au Grand Orient de France dont l’anticléricalisme légitime se colore souvent d’une militance antireligieuse inacceptable.
C’est la raison pour laquelle j’épingle la réponse du président d’Alpina à la question du journaliste: «Les relations entre les Églises chrétiennes et la franc-maçonnerie sont-elles toujours aussi orageuses?» Il faudrait déjà distinguer entre l’Église catholique romaine -réticente, c’est le moins qu’on puisse dire- et les Églises protestantes. La Franc-Maçonnerie doit beaucoup à la tradition réformée et à ses pasteurs. D’autre part, la réponse donnée appelle un complément d’information. Dominique Alain Freymond évoque d’emblée l’affaire du Père Pascal Vesin, curé de Megève, démis de ses fonctions en mai 2013, pour avoir finalement reconnu, devant l’évidence, appartenir au Grand Orient de France.
J’ajoute un sou dans la musique. Tant que l’Église catholique romaine mettra dans le même sac les Loges qui militent contre l’Église et les autres Loges, les catholiques pratiquants adhérents aux Loges dites Régulières qui, dans l’esprit d’Alpina, ne militent pas contre l’Église, se sentiront injustement rejetés. Cette distinction entre Loges selon leur attitude face à la religion était pourtant celle du Cardinal Lustiger, archevêque de Paris, de Monseigneur Thomas, évêque de Versailles et du Cardinal Seper, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Ce n’était pas la position de son successeur, le cardinal Ratzinger devenu le pape Benoît XVI.
Comme le rappelle le Président d’Alpina, la vie spirituelle n’est pas le monopole de l’Église catholique. Je ne vois pas d’ailleurs pourquoi la spiritualité serait a priori étrangère aux Francs-Maçons du Grand Orient de France. À mon sens, il ne manquerait pas grand-chose aux trois principales valeurs portées par le Grand Orient pour devenir vecteurs d’une spiritualité spécifiquement chrétienne: pousser le respect des autres et de soi-même jusqu’à l’amour du prochain, la liberté de conscience jusqu’au témoignage public de ses croyances et la tolérance mutuelle jusqu’au pardon.

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